Lab-mentable Hadopi

par Korben -

Je viens de lire ce formidable article paru hier sur le site du Figaro dans lequel est abordé le sujet des labs et ça m’a inspiré ce super jeu de mot pourri à mettre en titre !

Les labs Hadopi, c’est ce qu’ont pondu à l’arrache les gens qui ont conçu la loi Hadopi pour se donner bonne conscience et pour nous faire croire que tout ceci n’est pas simplement mis en place pour fliquer les internautes français… C’est donc 5 labs qui nous coûteront entre 1 et 2 millions qui seront formé début janvier avec selon les dires d’Eric Walter (que je salue au passage ;-) ) de “vrais professionnels du Net, reconnus, qui permettront une réflexion de fond, transparente

Bon pour le coup des “vrais experts” j’attends de voir les noms qui vont sortir… . Ces labs sont censés être indépendants mais vu que ses membres ont été choisis par l’Hadopi, le jeu est faussé dès le début.

Eric Walter explique aussi que ces experts sont des anti-Hadopis repentis qui ont vu la lumière au bout du tunnel :

Parmi les experts, on annonce d’anciens opposants à l’Hadopi, qui «ont compris que l’on devait travailler ensemble, car les questions du numérique sont devant nous» , assure Éric Walter.

On l’a vu avec #LeDej organisé par Sarkozy qui a soulevé des grosses polémiques parmi la Netotosphère, diviser pour mieux régner fonctionne encore très bien. Du coup, parler d’opposants qui ont “compris” que rejoindre l’Hadopi c’était pour sauver la France, c’est uniquement de la bonne grosse comm pour dire que les autres anti-hadopistes qui n’ont pas collaborés sont des idiots d’anarchistes perdus à jamais dans les limbes de l’univers. Puis si ça peut les monter les uns contre les autres, ces anti-hadopis à la gomme, c’est encore mieux, non ?!

Autre truc sympa dans l’interview d’Eric, c’est lorsqu’il déclare :

“Nous souhaitons des systèmes de contrôle chez l’usager, sans que ces informations personnelles ne soient accessibles aux gestionnaires de réseau”

On est donc passé dans la nuit à un système censé réprimer l’internaute pour téléchargement illégal et promouvoir la création culturelle à “des systèmes de contrôle CHEZ l’usager”. Ça fait des mois, voir des années que les connards comme moi le répètent à longueur d’article que Hadopi et Loppsi sont des loi-portes-d-entrées pour CONTRÔLER les internautes. Et Eric me fait un beau cadeau de Noël en avouant enfin que oui, c’est bien vers ça qu’on se dirige !

Ouais, youpi ! Brice, fais péter le Champomy !

Filtrage, Flicage, Fist-Fuckage (en français dans le texte)… Les 3 mots préférés du gouvernement quand on leur parle Internet.

En ce qui concerne les labs (la mauvaise idée), je peux imaginer les différentes motivations des experts qui ont accepté de jouer le jeu d’Hadopi.

Au choix :

  • L’utopie de croire qu’ils vont pouvoir changer les choses de l’intérieur pour le bien de tous et transformer Hadopi la Liberticide en Hadopi la Juste. Je leur souhaite de réussir mais je n’y crois pas une seconde car ce n’est clairement pas le but du gouvernement. Et qui peut encore espèrer quelque chose de la part de ces politiques après un vote comme celui de la Loppsi. Du gravier sec, c’est tout ce que les internautes auront à leur accorder trop de confiance.
  • Tout le monde a un prix… Et 1 à 2 millions de budget suffit à “acheter” n’importe quel (ou presque) anti-Hadopi. Faut que je réfléchisse à mon prix tiens… Mais vu qu’il risque de dépasser le budget de l’année d’Hadopi, c’est pas jouable pour eux. Trop cher mon fils ^^.

Amis experts des labs, bon courage donc ! Vous nous raconterez ce que ça donne et même si je suis sûr que vous allez y mettre tout votre cœur et votre bonne volonté, ça ne changera rien au problème de fond qui est d’imposer chez les gens et les FAI des systèmes de flicage/filtrage. Dommage car cette énergie aurait pu être utilisée pour d’autres projets vraiment libres de toute politique pour défendre la liberté sur internet, favoriser le téléchargement légal et sauvegarder la neutralité des réseaux. Organiser des contre-labs serait peut être intéressant pour faire grandir quelques bonnes idées, sans avoir à pactiser avec l’Hadopi.

Petit rappel qui me semble nécessaire : Une fois que les logiciels certifiés Hadopi feront leur apparition ne les installez pas sur votre ordinateur ! Que vous téléchargiez ou pas, que vous soyez pour ou contre Hadopi, là n’est pas la question ! Installer ce logiciel sur votre machine reviendrai à ouvrir une porte au gouvernement dans votre vie privée. C’est un peu comme si on était obligé de se balader nu dans la rue pour que la police puisse vérifier qu’on ne porte pas d’arme ou de drogue sur nous. C’est se soumettre par peur qu’on vous accuse faussement et c’est exactement ce qu’ils veulent.

Il veulent que vous ayez peur ! Peur de l’erreur (judiciaire ? Je ne sais pas si on peut encore parler de justice puisqu’il n’y a presque plus de juge dans les process) au point d’accepter qu’on vous espionne 24h/24h “au cas où” un jour ça tombe sur vous, afin que vous puissiez vous disculper directement. Ne rentrez pas dans ce jeu là car après il sera trop tard.

Si personne n’installe ce logiciel, ils passeront à autre chose… ou alors ils feront passer une loi pour nous obliger à l’installer. Va savoir…

Et si vous voulez loler un peu, y’a aussi cet article qui raconte les excuses des pauvres gens attrapés par l’Hadopi, ma préférée étant (je cite) :

“Plus sobre, mais visiblement naïf, un jeune homme, jure qu’il pensait qu’à 6 heures du matin… les agents de l’Hadopi dormaient ! C’est pourquoi il avait mis son réveil, pour télécharger à l’aube, UN morceau ce jour-là, lorsque le mail de l’Hadopi s’était abattu dans sa messagerie, comme un coup de baguette sur les doigts. Il s’était cru pris sur le fait !”

Ce qui est “amusant” ici, ce ne sont pas vraiment les messages des gens qui désespérés viennent pleurer dans les bras d’Hadopi, mais plutôt les magistrats d’Hadopi qui se moquent ouvertement de ces gens. C’est qu’il y prennent du plaisir en plus…

Le passage le plus fun de l’article c’est la réflexion de “Mireille Imbert-Quaretta, magistrate membre de la Hadopi et présidente de la commission de protection des droits de la haute autorité” (ouf !) qui est complétement à côté de la plaque :

“Ces réponses sont encourageantes», veulent croire les magistrats. «On ne change pas les comportements en trois mois. Mais si l’offre légale devient enfin moins chère, la majorité arrêtera probablement de télécharger illégalement. Et nous disparaîtrons d’ici à deux ans.”

Oui, vous disparaitrez mais ce qui est sûr, c’est que ça ne sera pas parce que les gens auront arrêté le téléchargement…

[Musique légale utilisée pour écrire cet article + source + source + photo]