Le groupe de presse allemand Axel Springer investit dans la startup française Qwant à la seule condition que celle-ci s'engage sur le respect de la vie privée des internautes
Vous vous souvenez de Qwant, le moteur qui challenge Google et qui s’affiche clairement pour la neutralité des réseaux et la défense de la vie privée ?
Comme l’avance Le Point du bout des lèvres et comme je vous le confirme avec certitude (grâce à une source fiable), le moteur de recherche français va annoncer aujourd’hui une levée de fond de 5 millions d’euros. Rien de bien excitant, sauf qu’ils ont levé ce pognon auprès d’Axel Springer, le géant allemand de l’édition (groupe de presse) et non pas auprès d’un fond d’investissement classique.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Axel Springer, c’est le groupe de presse, qui au travers de son patron Döpfner, a publié il y a peu de temps, une lettre ouverte expliquant sa crainte de Google et de son modèle vis-à-vis de la presse.
Éric Schmidt lui avait même répondu et avait alors lancé une caisse SOS-presse-en-détresse pour la France histoire de calmer les affamés… Le but étant de donner du pognon à nos organes de presse déjà bien installés pour qu’ils évitent de casser les couilles. Parce que vous comprenez, Google utilisait LEUR contenu sur leur portail news.google.com… looool.
Ces magazines et ces journaux sont déjà largement sponsorisés par l’État [PDF] (5 milliards) et voilà maintenant qu’ils le sont aussi par Google. D’ailleurs, voici le détail du pognon qui sera donné par Google pour cette première année à ces organes de presse pour des projets bien précis.
Histoire de vous montrer à quel point certains des projets retenus sont risibles, Charlie Hebdo va toucher 53 500 € pour faire une application (mobile ?), La Croix va toucher 835 000 euros juste pour mieux qualifier son audience, le Figaro va toucher 1,8 million d’€ pour mettre des vidéos sur son site, 20 minutes va toucher 267 000 € pour industrialiser sa publicité…etc., etc. Certains des projets sont bons, mais d’autres sont clairement du foutage de gueule. M’enfin, c’est Google qui donne cet argent, alors ils font bien ce qu’ils veulent.
Vous êtes nombreux à critiquer cette presse française au service du pouvoir pour toucher ces subventions, mais quid de cette nouvelle dépendance de la presse envers Google ?
Les Allemands et donc le groupe Axel Springer ont choisi une autre stratégie histoire de tenir bon face à Google. Plutôt que de faire subventionner leur innovation par le géant américain, ils préfère s’allier avec une startup comme Qwant pour tenter de les concurrencer et mettre à profit leurs synergies.
C’est lors du lancement de Qwant à Berlin en mars dernier qu’Axel Springer a pris contact avec les fondateurs de Qwant, et leur a proposé d’investir dans la startup, en posant une condition : Que Qwant s’engage à continuer de protéger la vie privée de ses utilisateurs. Selon ma source, c’est une condition sine qua non du deal entre le groupe de presse allemand et le moteur de recherche français. Si Qwant venait à rompre sa promesse, alors le deal tomberait à l’eau.
Promettre, c’est facile et beaucoup l’ont fait, mais s’engager aussi fermement sur le respect de la vie privée des internautes, surtout avec des enjeux financiers importants, c’est une grande première. En tout cas, Qwant, comme Axel Springer semblent confiants en l’avenir et je trouve ça plutôt cool.
Le chemin emprunté n’est peut-être pas le plus facile, mais il est plus honorable que celui emprunté par les groupes de presse français. Axel Springer ne baisse pas les bras, garde son indépendance et s’arme pour l’avenir… Maintenant, on verra ce que ça va donner dans un futur proche et surtout comment le groupe Axel Springer compte renverser la vapeur face à Google.
Notez que si vous voulez allez titiller un peu les mecs de Qwant, ils seront présents lors de la prochaine Nuit du Hack !