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Korben, roi d’internet, logo bébé avec des lunettes en mode thug life

Savoir jusqu’où aller trop loin

Vous avez surement eu écho de cette blogueuse qui s’est pris 2500 € d’amende pour une simple critique du restaurant Il Giardino au Cap Ferret. Dans cette critique, rien de bien violent. Elle raconte juste une mauvaise expérience. C’est son avis, sa liberté d’expression et même si ça ne fait pas plaisir au restaurateur, on reste loin de la diffamation. Mais bon, que voulez-vous ? Elle est bien référencé, n’a pas pris d’avocat et les juges sont ce qu’ils sont… Du coup, elle a été condamnée à lâcher du pognon et a retiré sa critique.

Le truc avec les procès, c’est qu’ils ne sont jamais bons… Pas bon pour le blogueur attaqué, car il s’en prend plein la gueule en frais de justice, en tracasserie, et sa liberté d’expression est atteinte… et pas bon non plus pour la société qui attaque, car elle est alors victime de l’effet flamby. Tout le monde y perd…

Quand le risque d’exposition publique (et donc de bad buzz) n’est pas totalement verrouillé, je déconseille vivement le passage par la case justice. Dans le cas du restaurant Il Giardino, j’aurai été la propriétaire, j’aurai ravalé le peu de dignité qu’il me reste, j’aurai amélioré mon service en fonction des critiques, et surtout j’aurai pris contact avec la blogueuse pour l’inviter à mes frais tester une nouvelle fois le restaurant. Elle aurait surement révisé son jugement si l’expérience renouvelée avait été bonne.

Bref, tout ceci est regrettable, mais c’est l’occasion pour moi de me souvenir de quelques menaces que j’ai eue au cours de mes années de blogging… Tout ceci, y compris les captures est vrai.

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Expérience n°1 – Le taré

Lui, c’est l’internaute haineux. Je ne le connais pas, il ne me connait pas, mais il me déteste. Il m’envoie des emails d’insultes anonymes et menace de me trainer en justice, car il est convaincu que je passe mon temps à pirater son PC, à l’insulter ou je ne sais quoi. Au début, j’ai tenté de discuter (T’es qui, tu veux quoi ?) puis finalement, j’ai préféré lâcher l’affaire en attendant que son avocat fictif me convoque.

gogol

Expérience n°2 – L’escroc

Alors lui, ou plutôt eux, car j’ai eu le coup à plusieurs reprises, il font des sites internet statiques pour des fortunes ou ils vendent du matos de mauvaise qualité, sans parler du SAV. Les internautes les critiquent sur mon forum, car ils ont eu une mauvaise expérience et bien sûr, ça ressort sur Google quand on tape le nom de leur société. Parfois, ce sont des gens qui font du business sans même avoir créé de société et bien sûr, ils menacent de sortir leur avocat (mais sans envoyer de courrier) et exigent qu’on retire le sujet sur le forum. Ceux-là, je leur tiens tête… Je leur dis grosso modo : « Vazy envoie ton avocat« . On discute, le ton monte vite puis je leur fais comprendre à demi-mot et poliment que leur souci de visibilité sur le net risque de s’empirer s’ils me chauffent trop les oreilles. Ils comprennent vite qu’ils jouent avec le feu et lâchent le morceau.

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Expérience n°3 – Google le tout puissant

Google, ce ne sont pas des humains. Ce sont des robots fils de pute. Ils menacent de manière automatique de couper un compte Adsense par ci ou de shooter un référencement par là si on n’obéit par à leurs exigences. Pour un article sur fond de Pedobear, j’ai reçu une alerte « Pédophilie ». Pour une photo de sein sur le forum, j’ai reçu une alerte « Pornographie ». Et dernièrement, pour un article expliquant comment télécharger une vidéo Youtube, j’ai reçu une alerte « Violation des conditions générales des produits Google ». C’est suite à ça que j’ai préféré leur dire « fuck » et clôturer mon compte Adsense chez eux. Google est utilisé par 98% des internautes, et Google a véritablement un pouvoir de vie ou de mort sur les sites qu’il référence. Il est donc vital de soutenir les moteurs alternatifs pour diluer un peu de leur toute-puissance…

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Expérience n°4 – La grosse boite

Eux, ils ne rigolent pas. Ils envoient direct la lettre d’avocat. J’ai eu le cas plusieurs fois et la dernière, c’était sérieux. Un internaute avait posté des contenus type secrets industriels sur le forum. Je les ai retirés de moi-même, car c’était peine perdue. Ces contenus avaient été volés et n’étaient de toute façon pas intéressants ni importants. Je vous rassure, on était loin des documents de Snowden, et il n’y avait pas de quoi mener une croisade.

Expérience n°5 – La garde à vue

La pire expérience de ma vie. Suite à un article que j’ai posté sur un piratage, j’ai été convoqué sous un faux prétexte par la police qui m’a interrogé pendant 2 jours (dont environ 9h de GAV). Perquisition, matos décortiqué, mêmes questions dans tous les sens…etc. N’étant pas l’auteur du hack, je ne leur ai pas été très utile, mais ils ont quand même bien joué de pression pour remonter jusqu’à l’auteur (dont j’ignorais l’identité, car j’avais été contacté de manière anonyme). Plusieurs années après, je n’ai toujours pas digéré cet épisode. Ce que ça a changé maintenant, c’est que quand on me contacte pour un hack ou une faille découverte dans un service, j’explique que je ne peux pas en parler, car je ne suis pas journaliste et que je ne peux pas protéger mes sources. Donc je passe mon tour SAUF si le risque en vaut la chandelle, car j’estime que c’est vraiment important. N’importe quel procureur pouvant décider de me passer au hachoir quand ça lui chante, et ne pouvant pas y faire grand-chose, je préfère faire l’impasse sur quelques bons sujets.

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Voilà grosso modo les quelques expériences que j’ai eues depuis 10 ans. Elles ne sont pas nombreuses, ce n’est jamais allé très loin, mais c’est toujours désagréable. Je vous ai épargné les menaces de mort, de maraboutage (non c’est pas une blague) et de cassage de gueule que je reçois aussi de temps en temps et que ceux qui me suivent sur Twitter connaissent puisque je les partage avec eux. Au début, ça fait un peu froid dans le dos, puis après, je réalise qu’on est simplement sur Internet. Cet endroit merveilleux où des gens gentils et polis se transforment en ordures finies car leur maman n’est pas là pour les lire.

Quand on s’expose comme je le fais, qu’on donne son avis publiquement, qu’on critique ou qu’on dévoile des vérités, on s’expose toujours à la fureur des plus gros (souvent des sociétés). Il faut juste savoir tourner correctement ses phrases, poser les bonnes questions, exposer la vérité rien que la vérité et même si on est parfois énervé et qu’on a envie de lancer quelques noms d’oiseaux, il vaut mieux s’en amuser et faire quelques tournures poétiques qui seront tout aussi fleuries, mais moins grasses. Bref, comme dirait l’autre, il faut savoir jusqu’où aller trop loin, et parfois savoir plier sans jamais casser.

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