Un rootkit dans nos téléphones Android - C'est la fêêêête !

par Korben -

Au fond des couches basse de nos téléphones Android (Sur les version OEM des Samsung, HTC et probablement d’autres comme RIM et Nokia) se cache un soft développé par la société CarrierIQ, qui permet de remonter à l’insu de notre plein grès tout un tas d’infos aux constructeurs. Pratique pour détecter, reproduire et corriger les bugs, cet outil est quand même un peu sensible en ce qui concerne les données personnelles. En effet, d’après TrevE, un membre du célèbre forum XDA, ce soft qu’on peut sans avoir peur, qualifier de rootkit est capable de logger ce que vous tapez au clavier, à qui vous écrivez des SMS ou passez des appels, quelles applications vous avez lancé, le status du réseau sur lequel vous êtes connecté, la géolocalisation du terminal, si l’écran est allumé ou pas…etc

Brrrr, pas cool.

Alors bien sûr, TrevE a publié un article sur son blog, histoire d’expliquer le problème. Normal quoi… Sauf que le monsieur vient de se prendre un courrier menaçant de la société CarrierIQ qui lui intime (avec un délai de 24h) de revenir sur ses propos, de s’excuser publiquement, que tout ce qu’il raconte est mensonger et qu’ils n’hésiteront pas à l’attaquer en justice pour violation de copyright. C’est tellement des mensonges tout ça, que c’est dans le brevet de CarrierIQ. ^^

Dingue ! Évidemment, le “buzz” prend de l’ampleur et l’outil de CarrierIQ est maintenant connu de tous :-)

Le truc marrant, c’est que TrevE est maintenant assisté par l’EFF qui explique calmement qu’à des fins de recherche, TrevE a parfaitement le droit d’analyser ce logiciel sous copyright et à publier les conclusions de son analyse. Bref, c’est probablement devant les tribunaux que tout cela va se régler Edit de dernière minute, CarrierIQ vient d’abandonner les poursuites. MDR. Ils ont du sentir que c’était mort d’avance (via ImFloFlo). En attendant, nous, on a tous appris qu’on avait un mouchard dans nos téléphones.

Du coup, j’ai plusieurs questions ouvertes auxquelles seul le temps pourra répondre…

  • Comment vont se justifier les constructeurs qui ont intégré ce truc ?
  • Cet outil pourra-t-il être désinstallé ? Sachant qu’il est très intégré au niveau du kernel et que des softs comme Sense ou TouchWizz l’utilisent, ça risque d’être tendu…
  • A quand le soft magique qui va permettre de pomper toutes ces données à l’insu du plein grès des proprio et de CarrierIQ ?

A suivre…

Merci à Julien, Kévin, et Camille pour l’info

Edit : Voici une explication très instructive sur CarrierIQ que j’ai reçu par email. Merci à Mister Anonyme !

Hello Korben,

Juste quelques infos à propos de CarrierIQ. Je bosse chez un opérateur et histoire de brosser tout le panorama et éventuellement aller plus loin que l’article que tu as publié, voici un peu ce que je sais sur leur solution, le pourquoi de CarrierIQ et un truc un peu plus rassurant pour nous autres Européens.

Donc CarrierIQ est comme exposé un outil type “rootkit” permettant de remonter des “metrics” sur l’usage et plein d’autres choses. Théoriquement, tout est possible, de l’info batterie à la perte de signal radio, le temps de chargement des pages ou l’usage des applications sur le mobile. Tout. On peut tout voir, et tous les “metrics” choisis sont remontés aux serveurs CarrierIQ, qui sont censés derrière anonymiser les informations personnelles et les renvoyer aux demandeurs, en l’occurrence pour nous, un opérateur, mais ça peut être un constructeur aussi. L’outil CarrierIQ s’interface sur différentes couches, système, radio, des fois même au niveau chipset pour les chipsets “compatibles”. On peut donc le trouver à différents niveaux d’intégration, et suivant ces niveaux d’intégration, avoir un nombre de “metrics” plus conséquent. Par exemple, si il est intégré au niveau chipset, on pourra même connaitre les informations des différents seuils radio des cellules avoisinantes, alors que une intégration basée seulement su le système ne permettra pas d’avoir ces seuils, juste l’information de la cellule active.

Concernant l’intérêt pour un opérateur ou constructeur, c’est essentiellement dans un but -louable à priori- d’optimiser le réseau / soft suivant où on se place. Je ne dirais pas que je partage cet avis, mais bon, si on suit cette logique, normalement, un nombre conséquent de coupures dans une zone donnée permettrait par exemple de qualifier un problème au niveau du réseau. Par exemple, aujourd’hui, on a un certains nombre de remontés du réseau (les BTS, les antennes), mais on ne sait pas ce que “voient” réellement les mobiles (fagotage, perte de signal…). CarrierIQ vend donc aux opérateurs leur solution en leur disant que, par exemple, on pourrait anticiper des problèmes réseau, voire résoudre des problèmes avant qu’ils n’arrivent, aider les utilisateurs sans avoir besoin de trop d’investigation… En théorie. Pour un constructeur, ce serait par exemple des optimisation batterie (en connaissant l’usage réel), l’optimisation de composant…

Par contre, le truc rassurant, c’est que l’on ne l’a pas. Et mieux, c’est qu’on ne devrait pas l’avoir avant un petit moment. En fait, aux US, CarrierIQ est imposé par les grands réseaux, AT&T et Verizon surtout, qui n’achètent pas de mobile si la solution CarrierIQ n’est pas présente. En Europe, fragmentation aidant, les constructeurs ne font pas (pour le moment) d’intégration aussi poussée au niveau chipset et système. On a des personnalisation"light", donc pas de CarrierIQ qui est très bas dans l’intégration. Ce n’est pas Samsung ou HTC qui intègrent volontairement du CarrierIQ, mais Verizon ou AT&T qui les obligent. En Europe, les mêmes fabricants sont réticents. C’est pour ça que nous n’avons pas aujourd’hui de solution, même pour nos tests en interne. Car Samsung par exemple nous indique qu’un des gros problèmes de CarrierIQ, en plus de nécessiter une grosse intégration (donc potentiellement beaucoup de bugs), consomme aussi 5 à 15% de batterie en plus, or c’est l’un des points les plus difficiles à optimiser sur les smartphones aujourd’hui. Pour le moment, on est donc à l’abri.

Voila, j’ai essayé d’exposer un peu ce que je savais, le pourquoi et le fait qu’on en a pas.

[Source]

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