Quand le copyright tue la créativité scolaire - Une pièce de théâtre annulée pour des broutilles | Insolite | Le site de Korben
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Quand le copyright tue la créativité scolaire - Une pièce de théâtre annulée pour des broutilles

par Korben ✨ -

Vous voulez voir jusqu’où peut aller l’absurdité du système du copyright ?

Une école américaine vient de se faire complètement saborder sa représentation théâtrale à cause de… modifications mineures dans le script de la pièce. Genre, on parle pas d’une réécriture complète façon Game of Thrones saison 8, non, juste de quelques petits changements qui ont fait disjoncter les ayants droit. Et le résultat, il est moche puisque ce sont des lycéens qui ont bossé des mois sur leur projet et qui se retrouvent le bec dans l’eau. Bienvenue dans le merveilleux monde où la loi tue l’art !

L’histoire, c’est celle du Fannin County High School en Géorgie, qui avait organisé une représentation sur deux jours du Crucible d’Arthur Miller. Vous savez, cette pièce culte de 1953 qui raconte l’histoire des sorcières de Salem comme une métaphore du maccarthysme (c’est pratique Wikipedia quand même ^^).

Première soirée : tout se passe nickel, public conquis, gamins fiers comme des bar-tabacs, mais voilà, quelques râleurs dans le public ont signalé que le script avait été légèrement modifié par rapport à l’original. Et là, c’est le drame ! Le lendemain, deuxième représentation annulée purement et simplement.

Pourquoi cette hystérie ? Et bien parce que le contrat de licence de la pièce stipule qu’aucune modification ne peut être apportée sans autorisation écrite préalable. Point barre. Et selon Dramatists Play Service, qui gère les droits de Miller, “l’infraction a entraîné une résiliation automatique de l’accord de licence”. Et voilà, terminé, les gamins peuvent rentrer chez eux.

On parle là d’une pièce écrite il y a 72 ans, par un auteur mort depuis 2005. Dans 23 ans, elle tombera enfin dans le domaine public, mais en attendant, des lycéens qui ont passé des mois à répéter, à apprendre leurs répliques, à construire les décors, se font atomiser parce qu’ils ont osé adapter deux ou trois trucs.

Bref… on ne sait même pas quelles étaient ces fameuses “modifications” car l’école reste hyper vague là-dessus. Peut-être qu’un gamin a dit “bon sang” au lieu de “nom de Dieu” ? Ou qu’ils ont modernisé une référence culturelle pour que ça parle aux ados de 2025 ? Le mystère est total mais peu importe la nature des changements, le simple fait qu’ils existent suffit à faire exploser tout l’édifice juridique.

Et c’est là qu’on touche au coeur du problème : le copyright moderne s’est transformé en machine à brider la créativité au lieu de la protéger. Faut pas oublier que l’idée de base, c’était de donner aux créateurs un monopole temporaire sur leurs œuvres pour les encourager à innover mais aujourd’hui, c’est devenu un verrou juridique qui empêche toute forme d’adaptation, même la plus innocente, même dans un contexte éducatif. C’est uniquement pour faire du fric !

Dans le cas présent, on peut aussi se demander si le copyright n’a pas servi de paravent à autre chose. Certains observateurs soupçonnent que l’école a en fait cédé aux pressions d’une frange religieuse conservatrice qui n’appréciait pas certains aspects de la pièce. Le Crucible, rappelons-le, dénonce l’obscurantisme et les chasses aux sorcières et ça peut déranger dans certains milieux. Et utiliser le copyright comme excuse, c’est plus politiquement correct que d’avouer qu’on a plié face aux bigots locaux.

Bref, la réalité, ça reste quand même que les licences théâtrales sont devenues des contrats de type “tout ou rien” qui ne tolèrent aucune créativité. Les écoles doivent payer des droits, respecter le script à la virgule près, et se contenter d’être des photocopieuses humaines. Zéro place pour l’interprétation, zéro place pour l’adaptation au contexte local, zéro place pour la créativité. C’est de l’art censé être “vivant” qui se retrouve transformé en produit industriel standardisé et innerte.

Et le plus ironique dans tout ça c’est que Arthur Miller lui-même était un défenseur farouche de la liberté d’expression et un critique du conformisme. Sa pièce dénonce précisément ce genre de rigidité aveugle qui broie les individus au nom de règles arbitraires. Voir son œuvre utilisée aujourd’hui pour museler la créativité de jeunes étudiants, c’est le top du cynisme, je trouve !

Pourtant, il y aurait des solutions pour éviter ce genre de conneries… On pourrait par exemple imaginer des exceptions plus larges pour l’usage éducatif, des licences plus flexibles pour les adaptations mineures, ou tout simplement des durées de protection plus raisonnables. Mais tant que les lobbies de l’industrie du divertissement tirent les ficelles, on continuera à voir ce genre d’aberrations.

Bref, c’est à se demander si c’est vraiment ça, la culture qu’on veut défendre.

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