LibreWolf - Le Firefox blindé pour la vie privée
En ce moment, c’est un peu compliqué pour Firefox et ça me rend triste. Je n’aimerais pas que mon navigateur préféré disparaisse faute de moyens.
Entre la baisse des parts de marché face à Chrome, les licenciements chez Mozilla et les récentes décisions contestées sur leur modèle économique, le panda roux semble parfois naviguer en eaux troubles. Mais si cela devait arriver, vu que c’est open source, la relève est déjà prête ! Firefox durci, télémétrie supprimée, pistage neutralisé, DuckDuckGo par défaut, uBlock Origin préinstallé et j’en passe…
Non, ce n’est pas un tuto que vous devrez passer des heures à mettre en place, mais bien un navigateur clé en main nommé LibreWolf, un browser rebelle qui a décidé que votre vie privée méritait mieux.
Destiné aux utilisateurs qui veulent une protection maximale de leur vie privée sans compromis, cette alternative à Firefox est née d’un constat simple : Pourquoi passer des heures à configurer Firefox quand on peut avoir un navigateur blindé dès l’installation ?
Bref, si vous ne connaissiez pas encore LibreWolf, je vous propose donc qu’on explore tout ça ensemble.
Commençons par les bases. LibreWolf est un fork direct de Firefox, ce qui signifie qu’il utilise exactement le même moteur Gecko, mais avec une philosophie radicalement différente. Là où Firefox tente d’équilibrer vie privée et facilité d’utilisation, LibreWolf fait un choix tranché : confidentialité maximale, point barre. Le projet est entièrement communautaire, indépendant de Mozilla, et suit de très près les versions de Firefox, généralement mis à jour dans les 24-72h après chaque sortie officielle de Firefox.
La première chose qui saute aux yeux en lançant LibreWolf, c’est sa sobriété. Adios les suggestions sponsorisées sur la page nouvel onglet, adios le bouton Pocket, adios les recommandations pour Firefox VPN. L’interface est épurée, centrée sur l’essentiel, mais attendez car le VRAI changement se passe surtout sous le capot.
Car contrairement à Firefox qui collecte diverses données via sa télémétrie (même si c’est moins invasif que Chrome, hein), LibreWolf ne collecte ABSOLUMENT RIEN. Pas de rapport de plantage, pas d’études “Normandy”, pas de statistiques d’utilisation…etc. Leur politique de confidentialité est d’une clarté désarmante puisqu’ils n’ont même pas l’infrastructure technique pour collecter vos données.
Autre différence majeure, LibreWolf intègre uBlock Origin nativement. Dès le premier démarrage, vous bénéficiez d’un des meilleurs bloqueurs de pub et de traqueurs du marché, sans avoir à l’installer. Et il n’est pas configuré en mode “gentil” puisqu’il bloque agressivement tout ce qui pourrait vous pister. Pensez quand même à débloquer la pub sur Korben.info ^^, car c’est ce qui me permet de ne pas vivre nu et seul dans la forêt.
Aux chiottes Google comme moteur de recherche par défaut aussi. LibreWolf vous propose DuckDuckGo qui ne conserve aucun historique de vos recherches et bien sûr, pour les plus toxico d’entre-vous, vous pouvez toujours revenir à Google si vous y tenez.
L’une des fonctionnalités les plus impressionnantes de LibreWolf c’est son système anti-fingerprinting. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce concept, le fingerprinting c’est une technique qui permet d’identifier votre navigateur de façon unique en analysant sa configuration technique, même sans cookies. Pour contrer cela, LibreWolf utilise la technologie RFP (Resist Fingerprinting) issue du projet Tor pour rendre votre navigateur aussi “générique” que possible. Il modifie votre user agent, désactive WebGL, normalise votre fuseau horaire et vos polices. J’ai testé mon Firefox standard et LibreWolf sur des sites comme coveryourtracks.eff.org et mon Firefox était identifiable à 80-90%, tandis que LibreWolf tombait à 10-20% de singularité. C’est presque aussi bon que le navigateur Tor, mais sans sa lenteur caractéristique lié au réseau en oignons.
Maintenant, tout ce blindage a un prix, bien sûr. Ne vous attendez pas à regarder Netflix directement dans LibreWolf car ce dernier désactive les DRM (Widevine) par défaut, puisque ce sont des technologies fermées qui limitent la liberté des utilisateurs. Et c’est difficile de les réactiver manuellement, car le plugin Widevine est absent. Donc le mieux c’est de passer par un autre navigateur pour ce genre de loisirs.
De même, comme les cookies sont supprimés à la fermeture du navigateur, vous devrez vous reconnecter à tous vos comptes à chaque session. C’est à la fois un inconvénient (plus de saisies) et un avantage de sécurité (personne utilisant votre ordinateur ne peut accéder à vos comptes). Après ça, ça peut se changer.
Autre point à noter, LibreWolf n’a pas de système de mise à jour automatique intégré. Sur Windows, il faut installer le “WinUpdater” séparément si vous voulez des mises à jour automatisées. Sur Linux, vous passerez par votre gestionnaire de paquets. Cette approche donne plus de contrôle à l’utilisateur, mais demande aussi plus de vigilance pour rester à jour.
Côté performances, la bonne nouvelle est que LibreWolf est légèrement plus rapide que Firefox standard. Avec le blocage de pub activé par défaut et la suppression des processus de télémétrie, j’ai constaté qu’il utilise environ 350 Mo de RAM contre 400 Mo pour Firefox dans des conditions similaires. Les pages se chargent plus rapidement sans les pubs et traqueurs, ce qui est particulièrement cool sur les sites d’actualités surchargés.
Et pour la compatibilité, comme il est basé sur le même moteur Gecko que Firefox, LibreWolf affiche parfaitement les sites modernes. J’ai testé des dizaines de sites et tous fonctionnaient correctement, à l’exception de ceux nécessitant des DRM ou utilisant des techniques de pistage agressives. Les applications web comme Google Docs ou Office 365 fonctionnent également sans problème.
Je recommande donc ce navigateur à :
- Ceux qui en ont marre de configurer Firefox manuellement pour améliorer leur vie privée
- Les personnes qui veulent minimiser leur exposition aux géants du web
- Les journalistes, militants, chercheurs travaillant sur des sujets sensibles
- Les utilisateurs Linux et open source qui apprécient l’approche communautaire
- Et ceux qui cherchent un “second navigateur” dédié à la navigation privée
En revanche, je ne le recommanderais pas pour :
- Les accros à Netflix/Disney+ dans leur navigateur (utilisez plutôt leurs apps dédiées)
- Ceux qui veulent une synchronisation transparente entre ordinateur et mobile (pas de version mobile LibreWolf)
- Les utilisateurs moins techniques qui pourraient être perturbés par certaines limitations
- Les environnements professionnels gérés avec des politiques strictes
Conservez Firefox pour Netflix et quelques sites qui nécessitent une connexion persistante et pour tout le reste, recherches, navigation générale, réseaux sociaux…etc, LibreWolf ce sera plus propre et plus rapide, avec la satisfaction de savoir que vos données ne sont pas exploitées à votre insu.
Bref, LibreWolf, même s’il n’est pas parfait, représente ce que Firefox aurait pu être s’il avait fait de la confidentialité sa priorité absolue, à savoir un navigateur qui vous respecte par défaut, sans avoir à se plonger dans les méandres des paramètres.
Vous pouvez le télécharger directement sur librewolf.net, c’est dispo pour Windows, macOS et Linux.