Rocky Linux, la distribution pour les environnements de production
si je vous dit “Distribution Linux pour le particulier”, vous pensez immédiatement à Ubuntu qui est LA distrib la plus utilisée par les débutants et amateurs de Linux. Maintenant si je vous dis “Distribution Linux pour les entreprises”, vous pensez à…
Red Hat forcement. Enfin plus exactement, à CentOS qui est une distrib linux dont tous les paquets sont compilés à partir des sources de Red Hat Enterprise Linux à l’aide de RPM. Dès 2010, CentOS devient la distribution Linux la plus installée sur les serveurs d’entreprise, puis en janvier 2014, Red Hat décide de sponsoriser le projet jusqu’à l’absorber en quasi-totalité.
Tout se passait bien dans le monde des barbus jusqu’en décembre 2020 où patatras, Red Hat annonce que CentOS change de cap et devient CentOS Stream, une distrib qui se situera en amont de Red Hat Enterprise Linux (RHEL), passant ainsi d’une distrib fiable à une distrib pour beta testeurs de Red Hat, si je peux résumer ça vulgairement.
Évidemment, levée de boucliers, des administrateurs Linux en PLS et Red Hat qui devient l’équivalent spirituel de Microsoft dans le microcosme de la distrib Linux.
Mais c’était sans compter sur Gregory Kurtzer, le fondateur de CentOS qui a matérialisé la résistance en créant Rocky Linux, un fork de CentOS hors des mains de Red Hat et dont l’objectif est de proposer un clone parfait du CentOS initial (donc compatible à 100% et stable).
Gregory Kurtzer
Rocky Linux dont le nom est un hommage au co-fondateur de CentOS, Rocky McGaugh, malheureusement décédé, est d’ailleurs soutenu financièrement par Amazon, ce qui montre à la fois le sérieux du projet et le besoin qu’ont les entreprises de la tech de disposer d’une distrib libre et indépendante pour les environnements de production.
Après quelques mois de travail, Rocky Linux est maintenant disponible en version Release Candidate. Cette version va permettre à la communauté de tester et de valider les fonctionnalités de Rocky Linux, de signaler les bugs et donc de se préparer à une bascule vers cet OS qui, si tout se déroule comme prévu, devrait progressivement remplacer CentOS dans les environnements de production et dans le cœur des administrateurs.
Comment CentOS avant elle, Rocky Linux sera 100% compatible avec tous les paquets Red Hat et le développement se fera de manière méthodique comme ce qui était fait avec CentOS. L’installation de Rocky Linux se fait via une interface graphique et est assez bien guidée. Si vous êtes débutant, vous n’aurez aucun souci.
Après si vous optez pour un lancement avec un environnement de bureau, vous aurez le droit par défaut à Gnome. J’ai d’ailleurs trouvé l’OS assez fluide et plus léger que ma Ubuntu de d’habitude. Rocky Linux pourrait être une version Desktop fiable et agréable pour un utilisateur final. Mais son véritable objectif est bien sûr de faire tourner des environnements de production… Donc direction la ligne de commande avec dnf, le gestionnaire de paquets RPM pour installer vos outils.
Ainsi pour mettre à jour votre distrib Rocky Linux, vous ferez tout simplement un :
sudo dnf update
Et pour installer un paquet comme nginx par exemple :
sudo dnf install nginx
Et pour lancer le serveur web :
sudo systemctl start nginx
Un outil baptisé Machines est également disponible, permettant d’installer et d’exécuter des machines virtuelles ou tout simplement de se connecter à des environnements distants. Ainsi, à partir d’un serveur Rocky Linux, vous pouvez créer des machines Red Hat, Fedora, Debian…etc. totalement virtualisées, et cela directement.
Comme vous pouvez le voir, que vous soyez utilisateur de CentOS, de Debian ou même d’Ubuntu, vous ne serez pas dépaysé. Bref, si le projet vous intéresse, je vous invite à visiter le site de Rocky Linux et à tester la RC (release candidate) en attendant une version finalisée de ce Linux dédié principalement aux entreprises.
Maintenant si vous voulez vous former à l’utilisation de CentOS / Rocky Linux pour apprendre à mettre en place et administrer un serveur, je vous invite fortement à lire ce livre aux éditions ENI.
Merci à Denis d’avoir attiré mon attention dessus.