Semer = Pirater ?
Dans le domaine d’Internet et de l’informatique, on commence tous à très bien maitriser ces notions de piratage, de brevets, de copies et on a bien capté que grâce au travail des lobbyistes en France, comme en Europe, on se retrouve très souvent avec des lois “à la carte” pour les industries et puissants de ce monde.
Mais saviez-vous que nos amis agriculteurs souffraient exactement du même problème ? Ce n’est pas nouveau effectivement, mais ça s’aggrave… La preuve avec cette transposition d’un règlement européen de 1994 transformée cette année en proposition de loi par l’UMP et adoptée ce lundi par les députés qui a pour objectif d’empêcher les agriculteurs français de replanter leurs propres récoltes d’une année sur l’autre.
En gros, qu’est ce que cela veut dire ?
Et bien le brave agriculteur, qui ont le sait tous, n’a pas un métier facile par les temps qui courent, achète des semences (blé, maïs..etc.) à des industries qui les fabriquent. Et dans un monde qui fonctionne normalement, il les plante, ça pousse, il les récolte et en met un peu de côté pour replanter l’année prochaine. J’ai envie de dire : “Normal, non ? C’est le cycle de la vie…”
Ta ta ta ta ont dit les députés… Replanter est maintenant illégal. Dorénavant, il faudra racheter des semences aux industriels chaque année ou alors payer des taxes pour pouvoir replanter ses propres graines. Bah oui, sinon ça fait du manque à gagner pour les semenciers…(qui sont pour la plupart des sociétés étrangères). Évidemment, cette loi est soutenue par Xavier Beulin, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), qui lui-même est à la tête du groupe Sofiprotéol et qui comme le relève le Monde, “détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français (Euralis Semences, Limagrain…)”.
Mis à part des problèmes de bio-diversité évidents (brassage génétique des plantes), cela pose aussi des problèmes financiers et surtout éthiques… Jusqu’où irons-nous dans le brevetage de la nature ? Est-ce qu’ils oseront étendre cela aux particuliers ? J’imagine que oui, quand on voit ce qui s’est passé avec le purin d’orties. Et si demain, j’achète un couple de lapins dans une animalerie, est-ce que je devrais payer une taxe dès qu’ils feront des petits ? Ou est ce que je devrais acheter des lapinous clonés parce que ceux qui seront vendus seront stériles ?
Pour mieux comprendre tout cela, je vous invite à lire l’article du Monde à ce sujet (ça se lit bien et c’est digeste).
Flippant !
Merci à Julien d’avoir attiré mon attention là dessus.
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