Votre téléphone vous écoute et vous en êtes persuadé ?
Vous venez de parler de vacances aux Maldives avec votre pote et hop, trois heures plus tard, Instagram vous balance une pub pour un vol pas cher vers Malé. Grosse coïncidence alors c’est votre iPhone qui vous espionne ??? Respirez un bon coup, on va démêler tout ça ensemble.
La réalité, c’est que votre smartphone ne vous écoute pas, mais c’est encore pire que ça ! Les algorithmes vous connaissent si bien qu’ils n’ont même pas besoin de tendre l’oreille pour savoir que vous rêvez secrètement de sable blanc et d’eau turquoise. Et ça, c’est beaucoup plus flippant qu’un micro planqué. Bon, déjà, comme je vous le disais, non, votre iPhone ou votre Samsung ne joue pas les espions à plein temps. Les permissions microphone sur iOS et Android sont blindées comme un coffre-fort. Dès qu’une app accède à votre micro, une petite lumière orange apparaît en haut à droite sur iPhone, verte sur Android. C’est pas de la déco, c’est votre garde du corps numérique qui vous prévient.
Apple et Google ont pas envie de se retrouver au tribunal pour espionnage industriel, alors ils ont verrouillé ça proprement. Une app qui voudrait écouter en douce sans que vous le sachiez devrait d’abord hacker le système d’exploitation lui-même. Et là, on parle plus d’une app foireuse téléchargée sur un store douteux, on parle de malware niveau gouvernement.
Mais alors, comment ils font pour deviner que vous lorgnez sur une voiture électrique ou que vous cherchez un nouveau matelas ?
C’est là que ça devient dingue : ils utilisent ce qu’on appelle le “data exhaust”, littéralement vos échappements de données. Chaque clic, chaque pause sur une vidéo, chaque recherche Google, même le temps que vous passez à regarder telle ou telle photo Instagram… tout ça nourrit des algorithmes d’apprentissage automatique qui modélisent vos désirs avec une précision chirurgicale.
Votre localisation GPS vous trahit aussi. Vous traînez devant un concessionnaire BMW pendant quinze minutes ? L’algorithme note. Vous passez trois fois devant la même boutique de fringues ? Encore noté. Votre téléphone croise celui d’un pote qui vient d’acheter un nouveau smartphone ? Bingo, vous êtes peut-être dans le même délire. C’est ce qu’on appelle le “proximity marketing”, et c’est légal !!
Les cookies tiers, ces petits mouchards numériques, tracent votre parcours sur le web et construisent un profil psychologique complet. Google sait que vous avez regardé des comparatifs de machines à café pendant deux heures la semaine dernière. Facebook a noté que vous avez liké la photo du nouveau chien de votre voisine. LinkedIn connaît votre salaire approximatif grâce à votre poste et votre entreprise. Mettez tout ça dans un algorithme de machine learning et vous obtenez un système qui prédit vos achats futurs avec 90% de précision.
En septembre 2024, une affaire a quand même secoué le petit monde de la pub en ligne. Cox Media Group, une grosse boîte de marketing US, s’est vantée auprès d’investisseurs d’utiliser une technologie d’“Active Listening” (comprenez écoute active) pour capter vos conversations via smartphones et enceintes connectées. Leur pitch ? “On identifie des clients potentiels sur la base de conversations informelles en temps réel.”
Sauf que là, ça a fait du bruit. Google a immédiatement viré Cox Media Group de son programme de partenaires publicitaires. Amazon et Meta ont nié en bloc toute collaboration avec cette technologie. Les sénateurs américains se sont emparés du dossier et ont demandé des comptes aux géants de la tech.
Le truc, c’est que Cox Media Group a probablement survendu sa sauce. Pour écouter massivement les conversations sans déclencher les alertes système, il faudrait soit corrompre Apple et Google (peu probable), soit exploiter des failles zero-day inconnues (très coûteux et risqué). Plus vraisemblablement, ils récupèrent des données d’assistants vocaux et extrapolent le reste.
Parce que oui, il y a une exception notable dans cette histoire : les assistants vocaux. Alexa, Siri, Google Assistant écoutent vraiment après activation. Amazon a d’ailleurs confirmé utiliser ces données pour de la publicité ciblée sur son site et ses plateformes partenaires. Quand vous demandez à Alexa la météo tous les matins, elle note votre routine. Quand vous lui demandez des recettes végan, elle catégorise vos habitudes alimentaires.
La différence, c’est que ces assistants s’activent sur commande vocale (“Hey Siri”, “Ok Google”) et que l’enregistrement est limité dans le temps. C’est pas du monitoring 24h/24, c’est de l’analyse ciblée post-activation. Nuance importante, mais qui reste de la surveillance consentie.
Alors, comment vous protéger sans tomber dans la paranoïa ? Déjà, apprenez à reconnaître les indicateurs de votre téléphone. Cette petite lumière orange sur iPhone ou verte sur Android, c’est votre meilleur pote. Elle apparaît dès qu’une app accède à votre micro ou votre caméra. Si elle clignote sans raison apparente, vous saurez qu’il faut creuser.
Ensuite, faites le ménage dans vos permissions microphone. Sur iPhone : Réglages > Confidentialité et sécurité > Microphone. Sur Android : Paramètres > Confidentialité > Gestionnaire d’autorisations > Microphone. Désactivez tous les accès inutiles. Instagram a vraiment besoin d’écouter vos conversations pour vous montrer des photos de chat ? J’en doute.
Pour les assistants vocaux, soit vous les désactivez complètement si vous voulez la paix, soit vous acceptez le deal en connaissance de cause. Amazon permet de supprimer l’historique vocal dans les paramètres Alexa, Google fait pareil pour Assistant. C’est pas une solution miracle, mais ça limite les dégâts.
Le vrai conseil, c’est d’arrêter de flipper sur l’écoute directe et de se concentrer sur le vrai problème : vos données comportementales. Limitez le tracking en activant la protection contre le suivi sur Safari, utilisez des bloqueurs de pub comme uBlock Origin sur votre navigateur, et surtout, lisez un minimum les permissions que vous accordez aux apps avant de tout accepter en mode robot.
Parce qu’au final, le problème c’est pas qu’on vous écoute… c’est qu’on vous connaît déjà trop bien. Et ça, mes amis, c’est vachement plus craignos qu’un simple micro planqué dans votre poche.