Quand les voitures connectées nous espionnent...
Les voitures connectées sont devenues de véritables cauchemars pour la vie privée. On nous vend ça comme le summum de la technologie, avec des fonctionnalités dignes de K2000, mais en réalité, c’est plutôt Orwell qui se cramponne dans les virages. Parce qu’au lieu de voitures intelligentes, on se retrouve surtout avec des mouchards à quatre roues bardés de capteurs qui enregistrent le moindre de nos faits et gestes.
Vous pensiez que les traqueurs sur le web étaient intrusifs ? Attendez de voir ce que les constructeurs auto ont mijoté pour nous espionner à notre insu. Caméras, micros, GPS, données de conduite, les voitures modernes collectent un max d’infos sur nous et nos passagers, et attention, ce n’est pas juste pour optimiser les performances ou assurer notre sécurité hein. Non, l’objectif c’est de monétiser toutes ces données personnelles en les refilant à des tiers, souvent sans notre consentement.
Chez Mozilla, ils ont passé en revue les 25 plus grandes marques automobiles du marché. Résultat : toutes sans exception ont été étiquetées « Confidentialité non incluse ». Comme quoi, en matière de respect de la vie privée, les constructeurs de voitures trustent la pole position au palmarès de la lose. Ils s’en donnent à cœur joie pour nous profiler et revendre nos données personnelles à tout va.
Entre le partage douteux de nos infos avec la police et les gouvernements, la revente de nos données de géolocalisation aux courtiers et le manque flagrant de protection de toutes ces données, les voitures connectées nous la jouent vraiment à la Mad Max côté vie privée. Concrètement, ça veut dire que n’importe qui ou presque peut savoir où vous êtes allés, à quelle vitesse, avec qui, ce que vous avez fait dans l’habitacle…etc
Bref, votre intimité est mise à nue comme un chassis sur un pont.
C’est encore pire quand on découvre que certains constructeurs comme Nissan ou Hyundai se permettent carrément de collecter des données sur votre « activité sexuelle », votre « niveau d’intelligence » ou vos « caractéristiques génétiques » ! Et refourguer ces infos ultrasensibles à des « partenaires marketing » pour du ciblage publicitaire. Non mais allô quoi ? Depuis quand ma voiture a besoin de connaître mes exploits sur la banquette arrière et la qualité de mes chromosomes ?
Et le pompon, c’est que les applis de ces voitures exigent qu’on « éduque et informe » tous les passagers sur leur politique de confidentialité à rallonge. Genre on va se taper un PowerPoint sur le RGPD entre deux feux rouges. Et puis quoi encore ? Un quiz Questions Pour Un Champion de 150 questions avant de démarrer le moteur ?
Le pire, c’est qu’en tant que conducteurs, on n’a quasi aucun contrôle là-dessus. Soit on accepte de se faire traquer comme un mouchard à chaque km, soit on se passe des fonctionnalités connectées qui nous ont fait acheter la tuture à la base. C’est comme si on vous obligeait à installer un spyware sur votre PC pour pouvoir utiliser Word. Vive le chantage à la vie privée !
Parce que oui, refuser le partage de données avec le constructeur peut littéralement transformer votre Tesla en brique. Ils le disent noir sur blanc dans leurs CGU absconses : pas de données, pas de mises à jour, pas d’assistance, pas de garantie. Bref, tu payes une fortune pour une bagnole technologique, mais si tu refuses qu’elle t’espionne, c’est à tes risques et périls mon coco. C’est tout un concept.
Alors certes, certaines marques comme Toyota font des efforts niveau transparence. En effet, Toyota offre aux utilisateurs américains la possibilité de supprimer leurs données personnelles, même en dehors des lois de confidentialité de Californie. Certes, les constructeurs européens comme Renault et Dacia respectent mieux la vie privée pour se conformer au RGPD. Mais globalement, protéger nos données personnelles dans nos véhicules reste l’exception, pas la règle.
En avril 2023, Reuters a rapporté que des employés de Tesla partageaient des images sensibles enregistrées par les voitures des clients. En mai 2023, un lanceur d’alerte Tesla a partagé plus de 100 gigaoctets de fichiers confidentiels, révélant des problèmes avec le système Autopilot. Des propriétaires de Tesla ont aussi intenté une action en justice collective en mars 2022, alléguant que Tesla scanne les visages des conducteurs sans leur consentement.
Au final, on est loin de l’image sexy et futuriste qu’on essaie de nous vendre. En réalité, les voitures connectées ressemblent plus au cauchemar de 1984 qu‘aux voitures dans Demolition Man. Les constructeurs nous prennent pour des idiots en mode « circulez y’a rien à voir » pendant qu’ils s’en mettent plein les poches avec le magot de nos données.
Il est urgent que les régulateurs sifflent la fin de la récré et imposent des garde-fous, sinon toute notre vie privée va finir par disparaître dans le rétroviseur des voitures connectées. En attendant, je vous conseille d’opter pour un bon vieux modèle sans fioritures, quitte à avoir l’air d’un has been au volant d’une Citroën AX Diesel. Au moins, elle vous emmènera d’un point A à un point B sans vendre la mèche sur vos déplacements à une armada de profiteurs de données.
Mais bon, si vous tenez absolument à votre engin connecté, n’oubliez pas d’étudier ses CGU par cœur et de briefer vos passagers avant chaque trajet. Avec un peu de chance, vous arriverez à destination avant qu’ils ne s’endorment.
Avec un peu de chance…
Source (Merci à G1doot pour le partage)