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Korben, roi d’internet, logo bébé avec des lunettes en mode thug life

Vous aussi, adoptez la « cagnotte internet » attitude

Salut les copains

Y’a un truc dont je veux vous parler depuis un moment, mais je n’ai encore jamais pris le temps de le faire, car j’attendais le bon moment. En ce moment, c’est l’hécatombe sur le net. Beaucoup de sites (dont des blogs) et de services ferment les uns à la suite des autres et ça m’affecte.

D’abord dans mon boulot de blogueur, car ce sont des outils que j’utilise ou des sites que je consulte quand j’ai besoin d’un peu d’inspiration, de m’informer…etc. Mais aussi à titre personnel, car ce sont des sites que j’ai vus naitre, que je lis depuis longtemps et les voir sombrer parce qu’ils n’ont pas su s’adapter par rapport à Adblock notamment et que personne ne fasse de dons ou ne les soutienne, ça m’emmerde.

Comme je paye déjà des abonnements et des licences pour pas mal de trucs que j’utilise chaque jour, j’ai pris la décision il y a quelques mois de filer 50 € par mois de ma poche à des sites et des services que j’apprécie ou que je considère important de soutenir. Cette cagnotte de 50 balles, je la vois comme un abonnement « Internet », un peu comme certains ont un abonnement Canal+ ou un abonnement au stade ou que sais-je…

Ces 50 € euros, je les ai divisés en 10 tranches de 5 €. Ça me permet donc de donner 5 € par mois à 10 sites web / service / association que j’apprécie.

J’ai donc dans mes slots, Wikipedia, Mozilla, Stereomood, mais aussi Reflets, NextInpact, mon copain Patrick Beja…etc. Je ne suis pas encore arrivé à 10 sites, mais je le fais au fur et à mesure. En effet, ce qui est important pour tous ces sites / services, c’est la régularité des dons. Que ça tombe tous les mois, c’est mieux qu’un don one-shot de temps en temps. Un système comme Patreon qui mise sur la récurrence sera plus intéressant qu’un système à la Flattr qui fonctionne sur un principe de one-shot. Vient ensuite un problème franco-français qui est que si on est une société, on ne peut pas percevoir de dons et que tout ça est très compliqué à déclarer. C’est pour ça que beaucoup de sites proposent des « abonnements » à la place de « dons ».

Patrick Beja, NextInpact et Reflets, je ne les lis pas (« écoute » pour Patrick) tous les jours, malheureusement, mais je considère qu’ils sont importants dans l’écosystème Internet francophone et qu’ils font du bon boulot.

J’utilise Firefox et Thunderbird tous les jours et même si Mozilla est très décrié en ce moment, j’aimerai qu’ils atteignent leur indépendance financière grâce à tous ces petits dons. Je sais que si demain Mozilla proposait une version payante de son navigateur, j’achèterais une licence.

Concernant Wikipédia, c’est une des plus grosses ressources de connaissances du monde libre d’accès et j’y vais souvent donc je trouve ça normal de filer un petit quelque chose. La Quadrature fait aussi partie de la liste. Je leur ai fait un gros don one-shot en fin d’année dernière, mais je viens aussi de les ajouter à ma liste de dons mensuels.Je donne aussi à Stereomood et d’autres petits blogs, car je souhaite qu’ils continuent et que je les aime bien.

Évidemment, vous parler de tout ça, sans parler de mon cas d’éditeur indépendant, ce serait bizarre. Je ne suis pas un grand fan de dons. Pour avoir fait quelques tests par le passé, j’ai vraiment l’impression de faire la manche quand je demande du blé à mes lecteurs. Et le problème quand on dépend comme ça des dons, c’est qu’à force de réclamer, ça lasse les gens.

Je l’ai bien vu sur la dernière campagne de la Quadrature qui a failli mal tourner. De plus quand les lecteurs donnent de l’argent, ils sont beaucoup plus exigeants sur tous les points et certains sont de vrais casse-couilles…(« Quoi ? Tu ne parles pas de mon site pourri alors que je t’ai fait un don ? » / « Quoi t’as parlé de Google alors que Google c’est le mal, tu ne mérites pas mon don ! » / « Quoi, je me prive pour te faire un don et toi tu pars en vacances avec mon argent ? Rembourse-moi !! »)

Et puis, vous l’avez dit vous-même, payer pour du contenu écrit quand on peut avoir l’information gratuite ailleurs, ça n’a pas de sens. Regardez Facebook qui a convaincu des éditeurs d’héberger directement leurs articles pour que vous puissiez les lire directement dans votre flux. Imaginez 30 secondes être obligé de lire Korben.info uniquement au travers de Facebook, sans autre alternative….

Dans mon cas, je trouve ça plus intéressant et plus créatif de dealer des partenariats avec des entreprises dont vous pourrez apprécier les services, et vous fournir du contenu intéressant et technique. Ça m’amuse beaucoup, j’invente des tas de choses, et paradoxalement, ça me donne aussi beaucoup plus de liberté.

Liberté de choisir avec qui j’ai envie de bosser et liberté de choisir les formats qui me conviennent. Le but n’est pas de faire clignoter le site dans tous les sens ou de recouvrir le contenu au passage du curseur. Et encore moins d’intégrer les vidéos en plein milieu d’un article en autoplay comme le font pas mal de sites. Bref, la liste de tous ces formats publicitaires étranges est longue, mais quand je gère ça en direct (sans passer par une régie tierce), j’ai un contrôle absolu dessus.

Je n’ai jamais eu de pression ou de contrat rompu parce que j’avais écrit tel ou tel article. C’est vrai que certains de mes articles ont déplu voir énervé des annonceurs, mais ce que je leur dis quand je gère le truc, c’est que Korben.info ce n’est pas Buzzfeed. Je n’ai pas de rédacteurs à payer à la fin du mois, et si je dois me passer de certaines campagnes et bouffer des pâtes pour garder mon indépendance éditoriale, je le fais sans l’ombre d’un doute. Il m’arrive de demander à ma régie de couper certaines campagnes ou de modifier certains éléments. J’ai aussi mis en place des cartouches qui indiquent clairement si c’est un contenu publicitaire rédigé par moi ou pas rédigé par moi.

Les seuls qui m’ont vraiment cassé les pieds, c’était Google Adsense et j’ai préféré les envoyer chier, perdant environ 40% de mon CA plutôt que de céder à leurs chantages. C’est ma politique, je ne pratique pas l’auto-censure et jusqu’ici ça se passe bien. J’espère réduire à terme le nombre de bannières traditionnelles pour ne propose que des formats non intrusifs, tant dans la forme que dans le fond, afin de limiter au maximum les trackers et les cookies.

De cette manière, non seulement, ça me permet de bouffer, mais en plus, ça me permet de développer le site, d’ouvrir de nouvelles sections, de payer des gens pour m’aider, de vous proposer encore plus de contenus cools…etc. (comme la série des tutos wordpress, des articles de fond sur le hacking, un dossier complet sur Cryptolocker, les illustrations d’Alex etc.).

Je n’ai pas de conclusion à donner à cet article, si ce n’est de vous encourager à soutenir les sites que vous aimez et les logiciels libres que vous utilisez. Même un petit peu, si on est beaucoup, ça aidera ;-).

Aujourd’hui les supports de diffusion de l’information imposent aux médias de repenser leur business modèle historique et je ne pense pas que la clé pour continuer à exister en tant que média réside dans les adexchanges ou l’automatisation. Je pense que l’humain prime et nous devons faire face à nos responsabilités. Soit choisir un web en silos, privé et géré par quelques grandes entreprises ou ouvert, neutre et qui laisse place à la pluralité des expressions… nos expressions.

Quant à moi, pour me soutenir, continuez à m’envoyer des infos sympa, à relayer mes articles partout sur la toile, à whitelister mon site dans votre Adblock si le cœur vous en dit, et à me payer des coups à boire quand on se croise 😉


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