Comment se débarrasser de 14 années de mauvaises habitudes ? #Amazon

par Korben -

J’assiste avec stupéfaction depuis quelques jours aux discussions entre pro et anti-Amazon et je ne peux m’empêcher de vous donner mon avis (héhé). Pour ceux qui n’auraient pas suivi, voici un petit résumé de la situation concernant Amazon.

  • 2000 - Arrivée d’Amazon sur le marché français.
  • 2001 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2002 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2003 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2004 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2005 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2006 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2007 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2008 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2009 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2010 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2011 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2012 - Aucune réaction ni véritable concurrence.
  • 2013 - Les supermarchés activent leurs lobbys. Les libraires tirent la langue.
  • Janvier 2014 - Création d’une loi anti-Amazon avec une interdiction des frais de port gratuits pour les livres.
  • 8 Juillet 2014 - La loi anti-Amazon entre en application.
  • 10 Juillet 2014 - Amazon met ses frais de ports à 0,01 € (et ça respecte la loi).
  • 11 Juillet 2014 - Rien n’a vraiment changé.

Amazon fait comme toutes les entreprises américaines, elle étouffe l’écosystème. Elle joue avec la fiscalité, exploite les travailleurs, propose une longue traine hallucinante, y compris en trichant un peu, mais surtout ce que fait Amazon, c’est donner à ses clients ce qu’ils veulent. Et c’est là son secret.

Amazon, c’est le confort absolu… Pas besoin de se déplacer, pas besoin de payer des frais de port, des commandes qui arrivent en 24h, un choix de taré et on peut même acheter ses slips en même temps que le dernier Dan Brown. On clique une fois et c’est commandé. On peut le faire sur son téléphone, et si on a un Kindle, on récupère son bouquin instantanément. Quelque chose ne vous convient pas ? Pas grave, suffit de renvoyer sa commande sans frais et sans prise de tête.

Comment rêver mieux ?

Amazon nous a rendus fainéants, pressés, exigeants. À côté de ça, nous acceptons de fermer les yeux sur les emplois payés au lance-pierre, sur les optimisations fiscales au Luxembourg, et sur les librairies qui ferment les unes après les autres. On se retrouve ici dans le même schéma qu’avec Google ou même des trucs comme Uber ou The Pirate Bay.

A quoi bon faire l’effort d’aller ailleurs quand on sait que c’est moins bien ailleurs ? Les gens recherchent un service de qualité, quitte à payer plus cher et malheureusement pour les libraires, la qualité ne se situe pas uniquement dans l’expertise et le sourire qu’ils peuvent apporter. Il y a aussi les délais d’obtention, le choix, la facilité de l’acte d’achat et l’écosystème autour (autres boutiques Amazon, Amazon MP3, Amazon eBooks, Amazon App Store…etc.).

Désolé de vous dire ça, mais ce n’est pas une loi qui changera 14 ans de paresse… La seule façon de faire décrocher un drogué, c’est de lui donner un produit de substitution et de l’aider. Et nous sommes drogués d’Amazon. Les sociétés comme Amazon peuvent tomber du jour au lendemain, mais pour cela, il faut qu’il y ait un ou plusieurs combattants en face. Actuellement, il n’y a personne. Même la FNAC a abandonné le combat…

Il ne faut donc pas s’étonner qu’Amazon dicte sa loi. Si au lieu de sanctionner et étouffer, les lois étaient faites pour aider, faciliter, booster les entreprises françaises, peut-être aurions-nous le choix, aujourd’hui, de commander ailleurs que sur Amazon.

Nous sommes majoritairement des consommateurs sans véritable volonté ni conscience, mais il n’y a pas que ça… Nous n’avons pas le choix. Je prends un exemple récent qui m’est arrivé il y a peu de temps et qui pourrait se rapprocher de nos expériences sur les livres et Amazon. J’avais besoin d’un composteur pour mon jardin. Premier réflexe, aller chez une de ces grandes surfaces spécialisées en jardinage… Je tombe sur un truc de merde vendu une fortune et qui ne correspondait pas à mes besoins. Et bien sûr, ils n’ont que ça au catalogue.. J’ai fait plusieurs jardineries et magasins de bricolage autour de chez moi et je n’ai jamais trouvé ce que je voulais. Tous proposaient la même camelote.

Rassurez-vous, je ne demandais pas la lune. Juste une boite en plastique de 300 L. Et ce que je voyais en magasin, c’était uniquement des boites en plastique (de mauvaise qualité) de 600 L ou plus. J’ai bien pensé à des petites jardineries indépendantes, mais elles ne sont pas trouvables facilement… Elles ne se font pas connaitre et ne sont pas bien référencées sur le net donc à moins de me balader au hasard dans les rues… De plus elles sont fermées le dimanche matin contrairement aux supermarchés du jardinage. Et pas de bol, on était dimanche matin. Résultat des courses, j’ai finalement trouvé mon bonheur chez un e-commerçant référencé sur Amazon et j’ai reçu ce que je voulais au bout de quelques jours.

Au final, ça m’a saoulé, j’ai gâché de l’essence et je me suis fatigué pour rien. J’ai fait l’effort de chercher localement quelque chose que je pensais facile à trouver, mais ce fût un échec.

Je m’y suis peut-être mal pris, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils vendent tous la même chose, on n’a pas le choix, c’est de la mauvaise qualité et c’est généralement avec un tarif plus élevé. Avec toute la connerie bonne volonté du monde, j’ai quand même été obligé de l’acheter en ligne. Et obligé de l’acheter en passant par Amazon car le e-commerçant qui l’avait en stock n’était pas référencé correctement en plus d’avoir un site tout pourri.

Je suis peut-être naïf, mais je pense qu’il y a suffisamment de commerçants et libraires indépendants en France pour tous les rassembler sur un même site et proposer un système équivalent à Amazon en tout cas, sur la partie “vendeurs tiers”. Ça demande du pognon, et un effort, c’est certain, mais si le service est bon, que le choix est là, que les délais rapides et les tarifs (y compris frais de port) pratiqués sont “normaux”, peut-être que les gens changeront leurs habitudes.

Peut-être.