Etat d'Urgence - Ce qui va changer...

Image illustrant l'article : Etat d'Urgence - Ce qui va changer...

Etat d'Urgence - Ce qui va changer...

par Korben -

“On doit parfois restreindre nos libertés pour assurer la sécurité des Français”

Manuel Valls, le 16 novembre 2015

Suite aux événements tragiques du 13 novembre dernier, j’ai pu constater 2 choses :

  • Les Français ont relevé la tête et ont affirmé d’une seule voix qu’ils ne céderaient pas devant la menace terroriste.
  • Le gouvernement et les députés ont profité du chaos ambiant pour passer toutes les lois sécuritaires qu’ils rêvent de passer depuis des années, au détriment de la constitution et des Français.

Du coup, j’ai lu pas mal de trucs sur ce qui est en train de se passer et comme c’est très embrouillé, je me suis dit que j’allais vous faire une petite liste de ce qui va concrètement changer.

Notez aussi qu’il y a déjà eu plus de 700 perquisitions dites “administratives”. “Administrative” ça veut dire que le gouvernement contourne la justice / le juge et peut faire à peu près tout ce qui lui chante. Pas besoin que le suspect soit visé par une procédure judiciaire et pas besoin de respecter les horaires classiques de la perquisition… Pour que vous compreniez bien, le mot “Administratif”, c’est de la novlangue pour dire “Arbitraire”.

On pourrait penser que ces 700 perquisitions ont permis uniquement de saisir des armes chez des barbus radicaux, mais ce serait une grave erreur. En effet, si je mets de côté tout ce que je peux lire dans la presse régionale concernant des perquisitions administratives qui n’ont rien à voir avec le terrorisme, je viens d’avoir la confirmation par un de mes lecteurs qu’au moins une perquisition administrative concernant une affaire de piratage informatique a eu lieu. Elle a été menée dans l’est de la France par la gendarmerie nationale (Division délinquance économique, financière et numérique) et il s’est fait saisir son matos (ordis, tablettes…) et on cloné son téléphone.

On voit donc bien que certains (préfets, Ministère de l’Intérieur…etc.) profitent de l’état d’urgence pour taper dans tous les sens. Et à moins que vous soyez juge, journaliste, parlementaire ou avocat, vous n’êtes pas à l’abri, car comme on l’a vu à Limoges, une simple dénonciation par un anonyme peut déclencher ce genre de procédure. J’espère pour vous, que vous vous entendez bien avec vos collègues ou vos voisins.

Capture d’écran 2015-11-21 16.38.08

Notez aussi qu’en France, il existe ce qui s’appelle une Constitution, qui permet de garantir les droits de l’Homme et du Citoyen et pour veiller au respect de cette constitution, il y a le Conseil Constitutionnel qui peut se réunir à certains moments. L’idée de faire passer cette loi devant le Conseil Constitutionnel a donc été évoquée, mais Manuel Valls a bloqué cette idée, car, je cite :

“Il y a toujours un risque à saisir (le Conseil constitutionnel). Si le Conseil répondait que la loi révisée est inconstitutionnelle sur un certain nombre de points, sur un certain nombre de garanties apportées, cela peut faire tomber 786 perquisitions et 150 assignations à résidence déjà faites. Il y a, y compris des mesures qui ont été votées hier à l’Assemblée nationale – je pense à celle sur le bracelet électronique, moi je suis dans la transparence – qui ont une fragilité constitutionnelle.”

Autrement dit : “Je sais qu’on viole la Constitution dans les grandes largeurs mais on s’en bat les couilles”. Ce n’est pas pour rien que les mecs comme Valls ou Cazeneuve veulent changer la constitution.

Alors faisons la liste de ce qui va / vient de changer :

  • Si la perquisition administrative concerne du matériel informatique, les policiers ne peuvent pas l’emmener, mais peuvent copier toutes les données sur place, y compris celles qui se trouvent dans le cloud, en y accédant via n’importe quel type de terminal (ordinateur, tablette, smartphone…etc.).
  • Les autorités peuvent toujours bloquer n’importe quel site ou service en ligne faisant l’apologie du terrorisme. Donc si le petit Jean-Pierre raconte de la merde pro-jihad sur son blog, ils peuvent couper l’accès au blog immédiatement (Oui car avant, dans la première version du blocage administratif, y’avait un délai de 24h + prise de contact préalable avec l’hébergeur). La vraie question c’est si 300 000 petits Jean-Pierre balancent ce genre de messages sur les réseaux sociaux, le gouvernement peut-il couper l’accès total à Twitter/Facebook ? J’imagine que oui (sauf si Twitter est considéré comme un média), mais j’ose espérer qu’on n’en arrivera pas là.
  • Les autorités peuvent assigner à résidence n’importe qui “présentant un danger pour les autres”… (Mais vous savez comme moi que tout est relatif surtout quand le juge a été jeté, en même temps que la Constitution, au fond des chiottes).
  • De dissoudre n’importe quelles associations, entreprise ou de groupement de personnes pouvant “porter atteinte à l’ordre public” (encore une fois, tout est relatif) et d’empêcher leur renaissance après la fin de l’état d’urgence et bien sûr même si cela n’a rien à voir avec le terrorisme.
  • Les policiers vont pouvoir porter leur arme tout le temps, en tout lieu, même quand ils sont en congé. Donc si vous voyez bientôt des gens armés au supermarché ou dans les écoles, ce sera à vous de deviner si ce sont des terroristes ou un policier en balade. (Édit : On me dit que mon exemple ne tient pas car l’arme devra être dissimulée et que le policier devra mettre un brassard lorsqu’il la sortira. Je me demande si ce seront les mêmes brassards que ceux qu’ils ont retrouvé durant les perquisitions…)
  • Le gouvernement va mettre en place un centre de “déradicalisation”. Un genre de prison-club-camp-de-concentration pour tous les tarés afin qu’ils puissent bien comploter tous ensemble.
  • Enfin, si quelqu’un a la double nationalité, il sera possible de lui supprimer sa nationalité française. Ça s’appelle la déchéance de nationalité.

Par contre, le gouvernement a refusé la proposition qui consistait à lui permettre de prendre le contrôle des médias ou de toute publication de quelque nature que ce soit. C’est déjà ça.

J’ai peut être zappé d’autres points, donc n’hésitez pas à me le dire, je les ajouterai. Et vous vous en doutez, toute cette catastrophe démocratique n’est que le début puisque l’état d’urgence va être prolongé pour encore 3 mois (et on verra après). Comme tous les Français, j’attends donc ma perquisition administrative, c’est pourquoi, exceptionnellement et durant toute la durée de l’État d’Urgence, je mettrais un slip pour dormir.

Les terroristes ne me font pas peur, par contre, ce gouvernement de tarés me pétrifie d’horreur. J’sais pas qui va gagner dans cette soi-disante “guerre”, mais ce ne sera pas le citoyen Français.

Source + Source