Prendre le taxi à Paris ? Uniquement sous la torture.
Aujourd’hui, j’ai appris que plusieurs personnes appartenant à la profession de taxis parisiens avaient agressé un chauffeur Uber et ses passagers, en saccageant comme il se doit la voiture.
Les taxis avaient mis en place des opérations escargots et des barrages filtrants lors de leur grève s’en sont pris à ce pauvre chauffeur. Je vous épargne tout le récit de l’histoire, car tout est là.
En effet, depuis de nombreux mois, le lobby des taxis mène une véritable croisade contre les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) qu’ils considèrent comme de la concurrence déloyale. Du coup, ils exigent du gouvernement qu’une loi passe pour que le temps de prise en charge d’un VTC soit d’au minimum 30 minutes (et 1h à proximité des aéroports). Ils souhaitent aussi que les courses des VTC soient d’au minimum 60 €.
Je comprends leur désarroi… Les pauvres taxis parisiens doivent débourser plus de 240 000 euros pour la licence, sans parler du prix de la bagnole. Parmi ces taxis, on trouve des artisans, mais surtout de grosses entreprises qui ont des salariés taxis. Il faut savoir que les taxis évoluent en nombre limité. Ils sont environ 17 000, soit 1 taxi pour 150 habitant à Paris (sans tenir compte des touristes et des habitants de la banlieue). Moins de concurrence entre eux donc, mais une pénurie notable pour les clients qui pètent des câbles.
L’arrivée des VTC a donc été une énorme bouffée d’air frais face à la paralysie d’une profession qui détient un monopole.
Et comme nous le savons tous, les monopoles, ce n’est jamais bon. En ce qui me concerne, quand je me déplace à Paris, je privilégie souvent le combo Métro / RER qui malgré ses nombreux défauts (retards, pannes, odeurs, trop de monde…etc.) est quand même le plus rapide. Avant qu’Uber arrive en France, il m’arrivait parfois de prendre le taxi.
Et à chaque fois c’était une corvée. Déjà, ça dépend sur qui on tombe… J’ai croisé des taxis très sympas qui roulaient dangereusement (et je n’ai pas peur en voiture alors pour que je dise ça…), mais aussi des mecs de mauvaise humeur qui m’ont mal parlé ou qui râlent pendant toute la course. Je suis déjà monté dans des taxis dégueulasses, dans des taxis qui prenaient des chemins pas vraiment directs (doute sur l’honnêteté), des taxis où le conducteur discutait avec sa famille le téléphone accroché à l’oreille durant toute la course et la dernière fois que j’ai pris un taxi à Roissy pour rentrer à Paris, le mec (un salarié qui venait de commencer) ne savait pas retourner à Paris ni même se servir de son GPS. C’est moi qui ai dû lui faire la route avec mon smartphone et Google Maps.
Je sais que les mauvaises expériences, ça arrive, mais là je ne sais pas si c’est parce que j’ai joué de grosse malchance ou pas, en tout cas, rares étaient mes expériences taxis qui se déroulaient proprement. Et pourtant, je ne suis pas super exigeant. Je n’ai pas besoin qu’on m’ouvre la porte, qu’on baisse radio-chelou qui braille, et ça ne me dérange pas de m’assoir sur un coussin de miettes de croissant.
Tout ça, ça passerait encore si les taxisprenaient la carte bleue. Le plus souvent, ils ont le terminal, mais celui-ci est bizarrement toujours cassé. On doit alors se faire chier à trouver un distributeur et sortir du blé. Et bien sûr comme à cette heure il n’y a pas la monnaie, on arrondit comme il faut. Globalement, avec les taxis parisiens, je dirai que j’ai eu quelque chose comme 95% de mauvaises expériences ces 10 dernières années. Les 5% restant de bonnes expériences (quasi toujours avec des artisans qui me filaient leur carte) ne suffisant pas à rattraper la médiocrité du reste.
J’ai eu le plaisir de tester les taxis dans d’autres villes de France… Marseille, Beauvais, Lyon, Clermont-Ferrand et là, c’était parfait. Les mecs étaient sympas (ou au moins professionnels), leur taxi était propre, ils connaissaient la route et même s’ils ne prenaient toujours pas la carte bleue, je classerais ces trajets dans mes bonnes expériences en taxi.
C’est grâce aux taxis parisiens que j’ai appris à me passer d’eux. Résultat, je préférais rentrer plus tôt pour ne pas louper le dernier métro, même si je m’amusais bien avec mes potes. Et en arrivant d’un voyage, crevé à l’aéroport, l’option RER me semblait plus agréable qu’un taxi parisien, même avec plusieurs heures de décalage horaire dans la gueule. Vous pensez peut-être que j’exagère et pourtant c’est la stricte vérité. Bien avant l’arrivée des applications de résa de VTC en France, je ne prenais déjà plus les taxis parisiens sauf contraint et forcé.
Puis un jour j’ai découvert Uber (à son lancement en France). J’avais eu un code promo pour le tester et j’ai kiffé. Résultat, l’option “merde-faut-que-je-trouve-un-taxi” s’est transformée en option “vite-j-appelle-un-Uber”. Je dis Uber, car je ne connais que cette société (pas encore testé les autres) et je précise que je n’ai aucun lien avec les sociétés de VTC, hein… Je partage juste avec vous mon expérience de client.
Avec les VTC, déjà, la voiture est propre (je parle de l’intérieur… l’extérieur, je m’en fous). Le mec n’est pas au téléphone portable. Il est poli, on comprend quand il parle, et l’ambiance est relax. On peut vraiment se détendre dans un VTC alors que dans un des nombreux taxis que j’ai pris, c’était difficile. Alors bien sûr y’a la qualité de service… La petite bouteille d’eau, la musique, parfois même la prise USB pour charger son téléphone… Mais tout ça, c’est du confort dont je pourrai me passer.
En vrai, ce dont je ne peux plus me passer, c’est le côté pratique de la réservation. Ma CB est entrée dans l’application, je me géolocalise sur une carte, je clique sur un bouton et PAF, on m’informe en temps réel du temps que je vais attendre et surtout, je n’ai pas à sortir mon portefeuille ni à chercher un distributeur pour faire plaisir au chauffeur. Je reçois la facture par mail et voilà. Aucun stress, pas de prise de tête… Du bonheur.
Alors bien sûr il y a le prix. Le VTC c’est un peu plus cher… Mais pour moi, ça les vaut. Il a bien sûr eu parfois des changements de tarifs un peu brusques à certaines périodes, mais étant informé, ça ne m’a pas dérangé.
Maintenant si je vous parle de tout ça, c’est parce qu’une fois encore, je trouve extrêmement bizarre toute cette violence de la part des taxis parisiens. Au lieu de chercher à s’améliorer, à augmenter leur niveau de service et la qualité, à virer les brebis galeuses (certaines entreprises) et à prendre la carte bleue (même s’il parait qu’il y en a qui la prenne… Jamais vu encore…), ils dépensent une énergie folle à étouffer la concurrence. Pourtant la concurrence, c’est ce qui fait avancer les choses.
D’ailleurs, de par son prix, je pense que les VTC sont loin d’être les concurrents du taxi. Enfin, ils le sont, mais au même titre que le métro ou le vélib. Chacun en fonction de son besoin choisit le moyen de transport qu’il préfère.
Je trouve que tout ceci est un immense gâchis. Je ne nie pas la crise ou la dureté du métier de taxi, mais est-ce que protéger un monopole aussi violemment est la bonne stratégie ? On sait tous qu’au final, ce n’est pas le gouvernement ni la gentillesse des clients fidèles qui sauveront les taxis. Ce sont les taxis eux-mêmes qui se sauveront en évoluant et en s’adaptant face à la concurrence.
À eux de voir maintenant.