J'ai testé pour vous : La voiture autonome en pleine ville.

par Korben -

Le week-end dernier, j’ai eu le plaisir d’être invité à Londres par Nissan pour tester leur Nissan Leaf autonome. Alors “tester” c’est un bien grand mot, car par définition, dans une voiture autonome, il n’y a rien à faire à part lui confier sa vie et regarder le paysage, mais l’expérience était assez cool pour que je vous en fasse un petit article.

D’abord, un peu de contexte avant que je vous donne mes impressions. Tout d’abord, il y a plusieurs classifications de conduite autonome, mais la plus répandue comporte 4 niveaux.

  • 1/ La conduite autonome sur une seule voie d’autoroute
  • 2/ La conduite autonome sur plusieurs voies d’autoroute (ça j’ai déjà testé au volant d’une Tesla c’est un genre de régulateur de vitesse intelligent qui suit la route ou qui double quand on lui demande. Impressionnant quand même.)
  • 3/ La conduite autonome en ville (mais toujours avec un conducteur au volant qui peut reprendre la main)
  • 4/ Et enfin, la conduite autonome complète. Même plus besoin de conducteur ou de volant… Le St Graal quoi.

La voiture que j’ai testée, c’est une Nissan Leaf (électrique donc), avec le volant positionné à gauche comme en France et équipée d’un système ProPilot en beta. Ce système équipe actuellement 2 Nissan Leaf dans le monde à des fins de test et elle se situe quelque part entre le niveau 2 et le niveau 3. Mais lorsque ça sortira d’ici à 2020, ce sera du mode urbain complet.

La voiture, la voici. C’est donc une voiture équipée de 5 radars (en bleu), de 4 scanneurs laser (en rose) et de 12 caméras (en vert).

Chacun de ces équipements permet à la voiture de “voir” plus ou moins près. Tous ces systèmes couplés permettent d’avoir une vision 360° de ce qui se passe sur la route. Ainsi rien n’échappe au système ProPilot.

J’ai eu le plaisir de monter devant, à la place dite “du mort”, et à côté de moi, Tetsuya Iijima le directeur du programme de conduite autonome de Nissan venu tout droit du japon, qui dédie tout son temps à ce projet. Le temps de sortir du parking, il était en mode manuel, puis sur l’ordinateur de bord, il a sélectionné la région du monde où on se trouvait (Angleterre donc), je pense pour que les règles de conduite s’adaptent au pays. Ensuite, comme sur un GPS classique, il a choisi un itinéraire (préenregistré pour la démo) et a enclenché le pilotage autonome.

Voici le parcours que nous avons suivi.

À partir de là, la voiture a pris le relais et a commencé à s’engager dans la circulation. On a d’abord fait de la ville tout ce qu’il y a de plus classique… Dans les ronds-points la voiture cède le passage puis s’engage et met son clignotant. Elle accélère naturellement, ralentit quand il le faut et s’arrête aux feux rouges puis redémarre toute seule quand ça passe au vert.

Bref, elle conduit comme le ferait un humain. C’est très doux, la conduite est souple comme il se doit lorsqu’on veut économiser de la batterie en électrique et on se détend au fur et à mesure.

Je vous avoue qu’il y a un petit côté magique à tout ça quand même. Se dire qu’on est dans une voiture, en pleine circulation, sans forcement réaliser à ce moment-là que c’est un ordinateur qui a notre vie entre les mains, c’est quand même une expérience un peu étrange. Mais en même temps, je suis déjà monté avec de parfaits inconnus, parfois avec des chauffards et au final, cette confiance qu’on met, en tant que passager, dans les gens qui conduisent, je ne vois pas pourquoi on ne la mettrait pas dans une machine conçue et testée par des gens hyper compétents qui ne veulent qu’une chose : Que ce soit le plus abouti possible en termes de sécurité (pour en vendre plein !!) ;-)

Après tout on fait déjà parfaitement confiance aux constructeurs pour que les freins freinent bien quand on en a besoin, pour que l’accélérateur ne se bloque pas d’un coup ou pour que la voiture n’explose pas au premier démarrage. Je me suis donc dit que je ne voyais aucune raison de ne pas continuer à accorder cette confiance. Oui, tout ça m’est passé par la tête pendant que je me laissais porter dans cette Leaf silencieuse, laissant progressivement mon excitation et mon appréhension retomber.

J’avais vraiment l’impression d’être passager dans une voiture conduite par un “vrai” quelqu’un. Alors peut-être que c’est parce que je n’étais pas vraiment derrière le volant sinon, il est possible que j’aurais repris la main à certains moments… Mais la vérité c’est que je n’en sais rien. Je me suis parfaitement accommodé à cette conduite autonome au bout de quelques minutes, comme si tout cela était parfaitement normal et naturel. Pas vraiment de gros stress, même si le fait d’être en Angleterre et donc de rouler à gauche me donnait régulièrement l’impression d’être à contre sens ou qu’on allait frotter le trottoir sur la droite.

À un moment, la voiture a freiné moins doucement. La raison ? Un piéton allait s’engager sur un passage piéton. L’ingénieur japonais de Nissan m’a alors expliqué que cela était une règle spécifique à l’Angleterre. En France c’est pareil, quand quelqu’un souhaite traverser, la règle c’est de le laisser passer. Au Japon, je ne sais pas comment ça se passe, mais si j’extrapole sa remarque, j’imagine qu’on ne s’arrête que si la personne est déjà sur le passage piéton. D’où la règle spécifique, je suppose. Je vous laisse me confirmer ce point.

Un écran de contrôle, présent juste pour nous montrer ce que “voyait” la voiture grâce à son radar, affichait en temps réel les piétons, vélos et autres voitures et camions à proximité. Les objets plus éloignés n’étaient pas représentés sur l’écran, mais étaient eux aussi parfaitement détectés grâce aux caméras présentes sur le toit.

Dans le coffre, il y avait quand même une batterie d’ordinateurs qui soufflaient, mais on m’a assuré que le système ProPilot serait réduit à son plus strict minimum en termes de taille et que cela n’aura pas d’impact sur la consommation électrique du véhicule.

Je sais qu’il peut paraitre peu naturel de se laisser conduire comme ça par un ordinateur et la voiture autonome a aussi ses détracteurs du fait de cette peur qu’elle peut engendrer. Mais la réalité, c’est que la majorité des accidents sont provoqués par les conducteurs. Fatigue, vitesse, négligence, alcool et j’en passe. En basculant progressivement le parc automobile sur de la voiture autonome, les accidents diminueront mécaniquement.

Dans le cas de la Nissan Leaf que j’ai testée, j’imagine que tout n’est pas encore parfait et qu’il y a encore des ajustements et des réglages à faire (d’où ces tests) pour améliorer sans cesse le système et donc la sécurité des passagers, mais aussi des piétons et des vélos. Mon avis après cette session, c’est que c’est vraiment sur la bonne voie et à terme, on en profitera tous.

Et je ne vous parle pas du temps et du confort que cela va nous faire gagner sur nos trajets. Faire un Clermont-Ferrand <-> Paris où je peux regarder un film, jouer avec les enfants, bouquiner ou bosser, j’en rêve. (Oui sinon, y’a le train, je sais…lol)

Bon et à votre avis, quand est ce que ça arrive tout ça ? Et bien très rapidement !!! C’est ça qui est fort, car 10 modèles de l’Alliance Renault-Nissan en seront équipés progressivement d’ici à 2020. Notammenet un Nissan Qashqai et la prochaine génération de Leaf 100 % électrique, qui sera dévoilée prochainement.

Je pense que nos enfants ou futurs enfants n’auront pas à passer le permis. Ou en tout cas, ils ne s’en serviront pas longtemps ;-) .

Je me suis aussi amusé hier à faire une vidéo qui reprend les éléments de cet article, et qui vous montrera comment la voiture se comporte.


Encore merci à Tetsuya Iijima qui nous a conduit sans les mains et à Florence Pham notre guide pour cette journée dans le futur.