Blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie - La Quadrature du Net lance la riposte

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Blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie - La Quadrature du Net lance la riposte

par Korben -

La Quadrature du Net a dégainé sa plus belle plume pour attaquer en justice le récent blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie. Comme vous le savez, notre cher gouvernement a décidé, dans sa grande sagesse, d’interdire purement et simplement l’accès à TikTok sur le Caillou. Et tout ça comme un grand, sans passer par la case « justice » ! Le motif invoqué est assez flou car sans preuve, mais selon leurs dires, la plateforme serait utilisée pour diffuser de la désinformation, alimentée par des pays étrangers et relayée par les émeutiers.

Sauf que voilà, pour nos preux défenseurs des libertés numériques, cette décision a autant de finesse qu’un troupeau de Panzer dans un champ de pâquerettes. La Quadrature du Net y voit en effet une atteinte grave et manifestement illégale à la sacro-sainte liberté d’expression. D’ailleurs, des réactions que j’ai pu voir, ceux qui connaissent bien Internet sont de cet avis. Bref, LQDN n’a pas l’intention de laisser passer ça !

Dans leur recours en référé-liberté, ils expliquent que le blocage total d’une plateforme aussi populaire que TikTok, c’est quasiment la même chose que si on interdisait d’un coup tous les kiosques à journaux. Une mesure radicale et disproportionnée, qui priverait les Calédoniens de leur droit fondamental de recevoir et de communiquer des informations. Même si ces infos consistent principalement en des ados qui se trémoussent sur la dernière chanson à la mode

Au-delà de l’aspect « gros marteau pour écraser une mouche », l’association pointe aussi du doigt le caractère pour le moins opaque de la décision gouvernementale. Pas de décret publié au Journal officiel, pas de communiqué de presse, nada ! Juste une annonce en mode « sous le manteau » du Premier ministre aux médias. Une approche qui fleure bon l’arbitraire et qui se contrefout des garde-fous démocratiques élémentaires.

Face à cette censure d’un nouveau genre, La Quadrature du Net sort donc l’artillerie lourde et invoque pêle-mêle la Déclaration des droits de l’Homme, la Convention européenne des droits de l’Homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. L’objectif ? Faire reconnaître par le juge l’illégalité manifeste de ce blocage et obtenir son annulation en urgence.

Mais les Quadraturiens ne s’arrêtent pas là ! Ils en profitent également pour épingler les dangers d’une loi vieille de presque 70 ans, celle de l’état d’urgence de 1955, qui permet au gouvernement de prendre des mesures restrictives des libertés sans aucun contrôle préalable du juge. Un super pouvoir qui fait saliver nos dirigeants mais qui fait froid dans le dos des gens qui aiment leur liberté.

Derrière ce recours se cache donc en réalité un combat plus vaste contre la tentation récurrente du pouvoir de museler Internet au nom de la lutte contre le terrorisme ou les troubles à l’ordre public. Une tendance lourde qui s’est accélérée ces dernières années, avec la multiplication des lois sécuritaires et des mesures de censure administrative. Pour La Quadrature du Net et tous ceux qui les soutiennent, il y a donc urgence à endiguer cette dérive liberticide avant qu’il ne soit trop tard !

Bien sûr, l’association ne se fait guère d’illusions sur le modèle toxique de TikTok, avec ses algorithmes opaques et son appétit gargantuesque pour les données personnelles mais elle refuse de laisser le gouvernement se servir de ce prétexte pour imposer sa vision d’un Internet sous surveillance, où les plateformes seraient à la botte de l’exécutif et où les internautes seraient présumés coupables.

En attaquant le blocage de TikTok, La Quadrature du Net mène donc une bataille supplémentaire pour défendre la liberté d’expression en ligne. Une liberté fragile et sans cesse menacée, qu’il faut défendre bec et ongles face aux sirènes de la censure étatique parce qu’un Internet libre et ouvert, c’est la garantie d’une démocratie vivante, et ça, ça n’a pas de prix !

Bref, je croise les doigts pour que le juge entende la voix de la raison et remette l’État à sa place, histoire de rappeler que même en période troublée, les libertés fondamentales ne sont pas une variable d’ajustement. Et que si on commence à accepter la censure pour TikTok, demain ce sera au tour de Snapchat, d’Instagram ou de Twitter et ça continuera petit à petit jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la voix officielle du gouvernement… Vous connaissez la chanson.

Bref, encore merci à La Quadrature du Net pour sa détermination. Et je vous invite une fois de plus à les soutenir dans leur combat, parce que c’est aussi le nôtre ! N’hésitez pas à consulter leur site web pour en savoir plus et faire un don si le cœur vous en dit. C’est par ici !