Half-Life 2 à 60 FPS avec 8 Mo de VRAM - Le downgrade ultime
Quand je portais encore le bouc (pas l’animal, hein), on me disais régulièrement que j’avais un air de Gordon Freeman. Impossible ! Le mec est bien plus valeureux que moi, et je suis beaucoup plus beau gosse que lui.
Mais trêve de blabla, vous qui vous plaignez que Cyberpunk 2077 ne tourne pas correctement sur votre RTX 3060, laissez-moi vous raconter comment ce YouTuber a réussi à faire tourner Half-Life 2 sur l’équivalent graphique d’une calculatrice scientifique…
Faire tourner Half Life 2 à 60 FPS avec pas plus de 8 Mo de VRAM, c’est impossible normalement alors pour comprendre l’ampleur du défi, plongeons dans les entrailles de la légendaire 3D Phantom XP 2800. Cette carte graphique, conçue par Pine Technology (qui deviendra plus tard XFX), était commercialisée en 2005 comme une carte de jeu abordable. En réalité, c’était l’équivalent graphique d’une arnaque sur silicium, un peu comme si on vous vendait une Ferrari qui cache sous son capot le moteur de ces tondeuses à gazon que vend Volkswagen.
La 3D Phantom recyclerait sans vergogne un chipset SiS 305 datant de 2000 (déjà pourri à l’époque) avec des specs totalement ridicules : 8 Mo de SDRAM (même pas de la DDR !), compatibilité DirectX 6 (quand DirectX 9 était déjà la norme), une consommation de 3W (votre smartphone consomme plus en mode veille), et un processus de fabrication en 250nm qui nous ramène pratiquement à l’âge où les dinosaures codaient en BASIC.
Cette carte graphique avait moins de puissance qu’un tamagotchi sous crack. À l’époque, elle était vendue comme “capable de faire tourner des jeux”, alors qu’elle peinait déjà à afficher correctement le fond d’écran de Windows XP sans bégayer.
Alors quand notre intrépide YouTuber “Budget-Builds Official” a lancé Half-Life 2 sur cette relique, le résultat était sans surprise cataclysmique. Avec les réglages minimaux en 640×480, le jeu tournait à 10-15 FPS en moyenne, atteignant péniblement 30 FPS dans les recoins les plus sombres et vides.
Pour rappel, Half-Life 2 recommandait à sa sortie une carte compatible DirectX 7 avec au moins 64 Mo de VRAM. On est donc 8 fois en-dessous du minimum syndical, avec une carte qui ne répond même pas aux exigences de DirectX.
Et le pire n’était pas cette fluidité digne du diaporama PowerPoint de votre comptable. Non, le plus gros problème était la stabilité car oui, le jeu crashait systématiquement toutes les 5 minutes.
La cause ? Une saturation complète de la VRAM, qui débordait plus vite qu’un évier bouché !
Face à ce désastre technique, le YouTuber a entamé une quête que même les développeurs de Valve n’auraient jamais imaginée à savoir optimiser Half-Life 2 pour qu’il tourne avec cette config. Le processus d’optimisation a nécessité des heures de bidouillage dans les fichiers de configuration du jeu (un art ancestral pratiqué par les ancêtres joueurs PC des années 2000 dont je fais parti et aujourd’hui quasiment oublié à l’ère des optimisations automatiques).
L’ultime sacrifice étant de forcer le jeu à se lancer en 320×240 pixels… C’est une résolution que même les téléphones Nokia à clapet trouveraient insultante.
Enfin, pour compléter ce tableau de la désolation, le jeu est forcé d’utiliser exclusivement DirectX 6, alors qu’il a été conçu pour briller en DirectX 9.
Mais après ce massacre graphique digne d’un film d’horreur, le miracle s’est enfin produit : le jeu a cessé de crasher et a commencé à tourner avec une fluidité relativement acceptable, oscillant entre 25 et 60 FPS selon les zones.
C’est jouable ! Youpi !
Mais à quel prix ?
Gordon Freeman ressemble maintenant à un personnage de Minecraft qui aurait fondu au micro-ondes. Les textures ont pratiquement disparu, remplacées par des couleurs primaires dignes d’un test de daltonisme. L’eau, jadis fleuron technique du Source Engine, ressemble à présent à “une soupe brune avec des carrés bleus flottants”, selon les mots mêmes du YouTuber.
Les murs sont réduits à des wireframes colorés, les ennemis à peine reconnaissables, et la physique du jeu (pourtant révolutionnaire à l’époque) semble fonctionner par magie puisqu’on ne distingue même plus les objets qu’on manipule. En gros, c’est Half-Life 2 vu par quelqu’un qui aurait oublié ses lunettes et pris du LSD.
Mais bon, après toutes ces péripéties, le jeu tourne parfaitement, même s’il faut bien le reconnaitre, il est méconnaissable.
En tout cas, ce portage marque un vrai contraste avec la version Half-Life 2 RTX en cours de remastering :
Un vrai grand écart technologique qui plaira aux fans de la première heure !
Quoiqu’il en soit, la boucle est bouclée, et cette expérience absurde vous rappellera l’époque bénie où l’optimisation des jeux était un art de survie et non un luxe.