Brother rejoint le côté obscur des imprimantes verrouillées

par Korben ✨ -

Edit : Suite à cette polémique, Brother a officiellement répondu aux accusations dans un communiqué à Ars Technica. L’entreprise nie catégoriquement les allégations :

“Nous sommes conscients des récentes fausses allégations suggérant qu’une mise à jour du firmware Brother pourrait avoir restreint l’utilisation de cartouches d’encre tierces. Soyez assurés que les mises à jour du firmware Brother ne bloquent pas l’utilisation d’encre tierce dans nos machines.”

Brother affirme également que ses imprimantes “ne dégradent pas intentionnellement la qualité d’impression selon qu’une cartouche Brother Genuine ou non-genuine est utilisée” et que l’entreprise “aborde activement la source de ces fausses allégations pour garantir que des informations exactes soient disponibles pour nos clients.”

La société suggère que la confusion pourrait venir du fait que lors du dépannage, les techniciens recommandent d’utiliser des cartouches officielles pour vérifier le bon fonctionnement de l’imprimante, ce qui aurait pu être mal interprété comme une exigence permanente.

Vous pouvez lire la réponse complète de Brother dans l’article d’Ars Technica.

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On dirait bien que Brother a fini par rejoindre ses petits camarades du “Club des Méchants Fabricants d’Imprimantes”. Hé oui, mes amis, la dernière marque d’imprimantes qu’on pouvait encore recommander sans avoir honte vient officiellement de basculer du côté obscur.

Pendant des années, quand quelqu’un me demandait quelle imprimante acheter pour éviter les prises d’otage façon HP, ma réponse était simple… Je lui disais de prendre une Brother car c’est fiable, ça accepte les cartouches compatibles, et ils ne mettaient pas de couteau sous la gorge au moment d’imprimer.

Mais comme chez P. Diddy, la fête est finie car Brother a commencé à déployer des mises à jour firmware vicieuses qui sabotent délibérément la qualité d’impression de ses machines si vous osez utiliser des cartouches non-officielles. Et le pire c’est que ces mises à jour s’installent souvent automatiquement, sans avertissement, et une fois le mal fait, impossible de revenir en arrière puisque le fabricant a eu la gentillesse de retirer les anciennes versions firmware de ses serveurs. C’est malin, n’est-ce pas ?

La tactique est particulièrement sournoise car contrairement à HP qui bloque carrément vos cartouches tierces avec un message d’erreur, Brother est plus subtil. L’imprimante accepte votre cartouche non-officielle, puis désactive “mystérieusement” des fonctions essentielles comme le calibrage automatique des couleurs. Comme ça, vos impressions ressemblent à un test de Rorschach, et vous êtes censé croire que c’est la faute de votre vilaine cartouche pas chère.


Alors jusqu’à présent dans ce “Hall of Shame” des pratiques douteuses dans l’industrie des imprimantes, on avait :

  1. HP : Le pionnier du verrouillage avec son “Dynamic Security” qui bloque purement et simplement les cartouches tierces via des mises à jour firmware soit disant pour la “sécurité” parce que, vous savez, des terroristes pourraient utiliser des cartouches génériques pour… imprimer des trucs.
  2. Epson : Le maître dans l’art de déclarer vos cartouches “vides” ou “expirées” alors qu’elles contiennent encore 20% d’encre utilisable. Comme si l’encre devenait toxique après une certaine date ou qu’elle était frappée d’une obsolescence programmée magique.
  3. Canon : L’inventeur du concept “pas d’encre = pas de scan”, où votre scanner refuse de fonctionner si une cartouche d’encre est vide. Parce qu’évidemment, scanner un document nécessite de l’encre, c’est connu. Cette absurdité leur a valu un joli procès, mais ça ne les a pas empêchés de persévérer.
  4. Brother : Et le nouveau venu qui joue les innocents en acceptant vos cartouches tierces mais sabote ensuite la qualité d’impression. Une approche plus manipulatrice où l’on veut vous faire croire que c’est la faute du toner générique et non du firmware modifié en douce.

On est donc vraiment dans la quatrième dimension, où les fabricants s’acharnent à rendre leurs propres produits moins fonctionnels après l’achat. C’est comme si votre voiture se mettait à rouler à 30 km/h parce que vous n’avez pas mis le carburant officiel de la marque…

Mais alors, comment se protéger de ce genre de pratique ? Et bien pas de panique, car voici quelques astuces pour garder le contrôle de votre précieuse imprimante :

1. Désactivez les mises à jour automatiques

Sur les imprimantes Brother récentes, vous pouvez couper les MAJ auto dans les réglages. Allez dans Menu → Paramètres Système → Réseau → Mise à jour du Firmware → Mise à jour auto → désactivez l’option. C’est la première chose à faire si vous venez d’acheter une imprimante Brother et que vous comptez utiliser des cartouches compatibles.

2. Coupez la connexion internet

La méthode la plus radicale mais la plus efficace : ne connectez jamais votre imprimante à Internet. Utilisez-la en USB ou en réseau local isolé. Oui, vous perdez les fonctionnalités cloud, mais franchement, avez-vous vraiment besoin d’imprimer depuis votre téléphone à l’autre bout du monde ? Si votre imprimante est déjà connectée, rendez-vous dans ses paramètres réseau et désactivez le WiFi / Ethernet ou bloquez son accès à Internet depuis votre routeur.

3. Downgrade du firmware (pour les aventuriers)

Si vous êtes déjà victime d’une mise à jour problématique, certains utilisateurs ont réussi à réinstaller d’anciennes versions de firmware Brother. C’est techniquement complexe et risqué (vous pourriez “briquer” définitivement votre machine), mais des tutoriels circulent sur Reddit et GitHub. Vous devrez dénicher le fichier firmware approprié et accéder au menu service de l’imprimante pour le flasher manuellement.

4. Solutions alternatives

Si vous en avez ras-le-bol ces conneries, vous pouvez aussi envisager ces options :

  • Achetez une imprimante ancienne modèle d’occasion (d’avant 2020 pour Brother)
  • Faites recharger vos cartouches par des professionnels qui savent déjouer les sécurités
  • Utilisez les services d’impression locaux genre CopyTop pour les gros volumes
  • Et gardez une bonne vieille imprimante non connectée en backup pour les urgences

Quoiqu’il en soit, cette situation met en lumière l’importance du mouvement “Right to Repair” (droit à la réparation) car nous avons encore atteint un point où pirater son propre matériel pour le faire fonctionner comme il le devrait est devenu un acte de résistance légitime.

Des communautés en ligne travaillent d’ailleurs activement à développer des hacks pour contourner ces restrictions. Certains ont créé des puces tierces ou des patchs logiciels pour tromper l’imprimante. D’autres ont carrément développé des firmwares alternatifs libres pour certains modèles d’imprimantes. Ces initiatives, bien que techniques, montrent que les utilisateurs ne sont pas totalement impuissants face à ces géants.

Alors maintenant quelle imprimante acheter ?

Et bien c’est la question à mille euros, et honnêtement, la réponse est déprimante car si même Brother est passé du côté obscur, que nous reste-t-il ?

Y’a quand même quelques pistes à explorer :

  • Les imprimantes professionnelles pour PME sont souvent moins bridées
  • Comme je vous le disais, les modèles Brother plus anciens (d’avant 2020) achetés d’occasion sont OK
  • Y’a aussi les imprimantes à réservoir d’encre rechargeable (type Epson EcoTank ou Canon MegaTank) qui fonctionnent encore pas trop mal, bien que même celles-ci commencent à intégrer des puces de vérification
  • Et on a quand même quelques solutions d’impression open source qui sont rares mais qui se développent de plus en plus.

La triste vérité est qu’aujourd’hui, acheter une imprimante revient à choisir le niveau de contrainte que vous êtes prêt à accepter, plutôt que de choisir un produit qui répond simplement à vos besoins.

M’enfin, en attendant des jours meilleurs (ou des lois plus strictes contre ces pratiques abusives), mon conseil ultime est simple : conservez précieusement votre vieille imprimante fonctionnelle. Elle est peut-être moche, bruyante et sans WiFi, mais au moins elle n’essaie pas de vous arnaquer via des mises à jour sournoises. Et si vous possédez une Brother qui fonctionne encore avec des cartouches compatibles, traitez-la comme une relique précieuse du passé. Déconnectez-la d’Internet, désactivez les mises à jour, et priez pour qu’elle dure jusqu’à ce que l’industrie retrouve un peu de bon sens…

Source: Tom’s Hardware