ChatGPT génère des visuels dingues façon Ghibli : c'est bluffant mais juridiquement flou

par Vincent Lautier -

– Article invité, rédigé par Vincent Lautier –

Depuis quelques heures, vous n’avez pas pu passer à côté, ChatGPT a frappé fort avec une nouvelle fonctionnalité qui permet de générer des images de grande qualité. Korben a d’ailleurs testé tout ceci sur cet article, et c’est vraiment très propre comme résultats.

Une des possibilités les plus interessantes, c’est la possibilité d’appliquer des styles visuels précis comme celui du studio Ghibli. Résultat ? Les réseaux sociaux sont envahis par des photos personnelles, mèmes ou scènes historiques revisitées dans un style qui rappelle l’univers de Hayao Miyazaki. La qualité visuelle des images produites est dingue, mais la question de la légalité de ces créations est, elle, bien moins claire.

Des résultats visuellement bluffants

Il faut reconnaître que l’outil est efficace. En quelques secondes, ChatGPT transforme n’importe quel cliché en illustration digne d’un film Ghibli. Les visages ronds, les couleurs douces et les tenues simples rappellent immédiatement l’esthétique des chefs-d’œuvre comme Mon Voisin Totoro ou Le Voyage de Chihiro. Comme vous pouvez le voir ci-dessous avec cette photo de Korben et moi, c’est vraiment super propre.

Mais l’engouement va au-delà de la simple personnalisation. De nombreuses créations partagées sur les réseaux sociaux réinterprètent aussi des images iconiques : de la rencontre Trump-Zelensky en mode Ghibli à des mèmes détournés en animation japonaise. OpenAI ne semble pas contre cette appropriation tant que ça ne touche pas à certaines œuvres protégées comme Disney ou Dragon Ball.

Dans les faits, dans un premier temps il n’y avait d’ailleurs aucune limites, mais la vis a un peu été serrée, et générer des visuels inspirés de Pokemon par exemple, commence à être plus difficile. Par contre aucun problème pour générer des photos dans le style de Naruto ou les Simpsons.

Je viens aussi de tester avec une photo prise par moi lors d’un shooting (que vous pouvez voir ici), franchement le résultat est génial, j’ai envie de tester sur toutes mes photos ! Par contre il y a bien des limitations, typiquement ça bloque direct s’il y a, ne serait-ce qu’un peu de nudité, et tant mieux pour éviter les deepfakes problématiques.

Une zone grise juridique

En fait là où ça coince, c’est vraiment sur le plan légal. Parce que si OpenAI assure que son modèle ne s’entraîne pas sur des œuvres protégées d’artistes vivants, tout ceci manque quand même de clarté. Evan Brown, avocat spécialisé en propriété intellectuelle, rappelle que le style visuel d’une œuvre n’est pas protégé par le droit d’auteur, mais la manière dont ChatGPT réussit à l’imiter pose question. En gros, est-ce qu’OpenAI a utilisé des millions d’images de films Ghibli pour entraîner son IA ? Et si oui, est-ce légal ?

En réalité, le problème n’est vraiment pas nouveau. OpenAI, comme d’autres entreprises d’IA, fait l’objet de plusieurs actions en justice pour avoir entraîné ses modèles sur des œuvres protégées. Et la France ne fait pas exception : en mars 2025, des organisations d’auteurs ont déposé plainte contre Meta pour des pratiques similaires.

Des règles à définir

Pour l’instant, la législation est en retard sur ces questions. D’un côté, OpenAI se félicite de pouvoir proposer une fonctionnalité qui amuse des millions d’utilisateurs (moi le premier). De l’autre, la communauté artistique s’inquiète de voir leur style récupéré sans aucun contrôle ni rémunération.

La vraie question est donc simple : faut-il revoir complètement le droit d’auteur à l’ère de l’intelligence artificielle ? Parce qu’à ce rythme, les IA créatives risquent de faire sauter bien des verrous légaux.

Petite précision au passage, dans le premier temps la fonctionnalité été ouverte à tous les utilisateurs de ChatGPT, même en gratuit. Devant la masse d’utilisateurs, OpenAI a décidé il y a quelques heures de limiter la fonctionnalité aux abonnés ChatGPT Plus et au delà. Donc si vous voulez tester là maintenant tout de suite, il vous faudra un abonnement payant.

Article publié par moi même, Vincent Lautier, invité par l’ami Korben. Vous pouvez aussi me suivre sur Bluesky, ou aller lire les petits tests improbables que je publie parfois dans la catégorie “Gadgets Tech” !

Source : Variety, Axios