Ils transforment un tapis de course en imprimante 3D pour faire des impressions infinies

par Korben ✨ -

Je ne suis pas nerd de l’impression 3D même si j’adore ma Bambulab parce qu’elle fonctionne à tous les coups sans me demander 3h de réglages. Et je sais aussi reconnaitre quand une idée est cool et c’est le cas ici avec cette imprimante 3D qui utilise un tapis de course comme plateau, ce qui lui permet d’imprimer de longues pièces.

On appelle ça une imprimante à bande et dans le commerce c’est vendu par exemple par Creality pour un peu plus de mille euros… Mais la faire soi-même avec du matériel de sport, c’est quand même plus cool. Surtout quand on trouve des tapis de course sur Leboncoin à 50 balles, abandonnés par leurs propriétaires après trois sessions de cardio et une prise de conscience que Netflix et les M&M’s c’est quand même bien plus sympa que de transpirer.

Cette idée de génie, on la doit à Ivan Miranda et John de Proper Printing, 2 makers qui ont décidé de combiner leurs cerveaux dérangés pour transformer un tapis de course ordinaire en une machine d’impression 3D capable de cracher des objets théoriquement infinis.

Leur projet ultime ?

Imprimer un putain de kayak. Oui, un kayak entier pour naviguer dessus sur l’eau avec un vrai humain dedans. Ils sont fous les ricains :)

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Mais avant que je vous explique comment ils ont fait, parlons un peu de ce concept d’imprimante à bande qui n’est quand même pas très courant… Dans une imprimante 3D classique, l’extrudeur (le truc qui crache du plastique fondu) se déplace dans un volume cubique. Il est donc limité par les dimensions physiques de la machine. Du coup, si vous voulez imprimer un truc plus grand que votre plateau, vous devrez le couper en morceaux dans votre logiciel 3D et l’assembler après, ou éventuellement acheter une imprimante plus grande (et préparez votre banquier à la mauvaise nouvelle).

L’imprimante à bande, c’est donc une petite révolution puisqu’à la place d’un plateau fixe, vous avez un tapis roulant. La structure est inclinée à 45° et l’extrudeur se déplace uniquement dans un plan fixe. Du coup, c’est le tapis qui avance progressivement, emportant l’impression avec lui. Et quand l’objet atteint l’extrémité du tapis, il se détache naturellement… Voilà…

Et comme le tapis est sans fin, bah vous pouvez théoriquement imprimer un objet infiniment long dans une direction.

Du coup, c’est le TOP pour imprimer des objets absurdement longs, genre des rails, des poutres, des tubes, ou… un kayak entier. Sans découpage, sans assemblage, sans compromis ! Le truc génial avec un tapis de course de récup, c’est que la moitié du boulot est déjà fait : vous avez une structure robuste, un moteur puissant et un tapis déjà installé. Il “suffit” juste de l’adapter.

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Ivan et John ont donc d’abord incliné les montants latéraux à 45° avec des supports imprimés en 3D. Pour le système de chauffage du lit d’impression (parce que oui, imprimer sur un tapis froid, ça marche pas terrible), ils ont utilisé du fil de chauffage de plancher. En gros, ils ont créé un sandwich thermique : bois, fil chauffant, plaque d’aluminium, et la courroie du tapis par-dessus. Ingénieux et économique.


Ensuite, le cerveau de la bête est une carte Duet 3D, capable de gérer les moteurs costauds et le système de chauffage et toute l’électronique a été intégrée dans la console d’origine du tapis, histoire de garder un peu de classe.

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Maintenant, la pièce maîtresse de cette création, c’est l’extrudeur. Ivan a développé un système d’extrusion à double courroie qui utilise des courroies un peu plus costauds que celles qu’on trouve sur la plupart des imprimantes 3D. Plus gros, plus puissant, plus efficace. Et pour alimenter ce monstre, ils ont opté pour un moteur Nema 23 bien plus costaud que les moteurs habituels d’impression 3D.

Ensuite, le tout est refroidi par un dissipateur thermique en aluminium conçu sur mesure et fabriqué par PCB Way. La buse a été modifiée avec un chanfrein sur le côté en contact avec la courroie pour éviter de transformer le tapis en passoire. Ainsi, après plusieurs jours de galères, d’ajustements et d’erreurs (Ivan précise d’ailleurs que “il n’a fallu que 11 tentatives pour réussir du premier coup” ^^), ils ont réussi à faire fonctionner cette bête de course. Et le résultat est hallucinant !! Ils ont imprimé une pièce de 2,10 mètres de long. C’est plus long que le plus grand objet qu’Ivan avait pu imprimer sur sa précédente imprimante géante.

Pour imprimer une telle longueur, il a fallu 36 heures d’impression continue. La qualité est étonnamment bonne pour une machine aussi expérimentale. Et tout ça avec un tapis de course qui aurait probablement fini à la déchetterie.


Quant au projet kayak, il est toujours en cours. Ivan et John prévoient de tester leur création lors d’un événement près de la Prague Maker Fair. Je ne sais pas pour vous, mais voir quelqu’un tester un kayak imprimé en 3D à partir d’un tapis de course, ça me semble être le parfait mélange entre science, folie et “se jeter à l’eau”.

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Au-delà du kayak, ce type d’imprimante ouvre des possibilités vraiment intéressantes : impression de rails, de gouttières, de moulures architecturales, de pièces pour meubles… Tout ce qui est long et fin devient soudainement imprimable en une seule pièce.

Voilà, donc si vous êtes curieux de voir l’évolution de ce projet fou, je vous conseille de suivre les chaînes YouTube d’Ivan Miranda et Proper Printing. Ils promettent de publier la suite de leurs aventures, notamment le test du fameux kayak.

J’avoue que je suis impatient de voir si ça flotte ou si ça coule.

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