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Les raisons de la procrastination

On se représente souvent la procrastination comme une forme de glandouille. Dans la société actuelle, celui qui procrastine, c’est-à-dire celui qui fait autre chose que la tâche principale qu’on lui a donné, est assimilé à un paresseux ou un branleur.

D’ailleurs, heureux sont ceux qui s’exécutent jour après jour sans procrastiner, sans rechigner devant leurs obligations. Et heureux sont les patrons et patronnes de ces bienheureux.

Maintenant, quand on regarde de plus près le phénomène de procrastination, on comprend vite que cela ne peut pas se résumer à une forme de paresse. C’est même clairement aux antipodes de tout ça, puisque la procrastination touche tout le monde, mais surtout les gens ayant plein d’énergie à revendre.

S’il vous arrive de procrastiner, vous le savez tout aussi bien que moi : vous tournez autour du pot, vous enfilez vos oeillères, vous cherchez 1000 et 1 prétextes pour ne pas vous y mettre. Car procrastiner, c’est vraiment cela : tout faire pour éviter de s’y mettre. Et peu importe la tâche. Elle peut être titanesque comme ridiculement facile, ça ne changera rien à votre état d’esprit du moment.

La procrastination est un état mental qu’il est difficile de contrôler. Un phénomène systémique qui, je pense, mériterait plus d’intérêt tant il a tendance à se généraliser.

Selon moi, la procrastination est une impossibilité à s’y mettre. Mais à quoi exactement ? Et bien c’est là, je pense, la clé du problème. Si vous vous stoppez net comme un cheval devant un obstacle, ce n’est pas parce que vous êtes paresseux. C’est plutôt parce que la tâche que vous vous êtes imposée ou qu’on vous demande génère un stress dans votre cerveau. Un genre de peur panique qui vous paralyse physiquement et mentalement. Et cette paralysie couplée aux clichés de notre société sur les procrastineurs vous fait culpabiliser. Vous avez le sentiment d’être un incapable, de ne pas savoir par où commencer ni comment faire pour vous y mettre vraiment.

Illustration d'une personne regardant la télévision au lieu de travailler

La procrastination est un mal pour les entreprises, mais surtout pour les gens qui en souffrent. Car la procrastination n’est pas un choix de vie. C’est une fuite. La fuite face à une situation le plus souvent angoissante.

Mais de quel stress on parle exactement ? Et bien je pense qu’il peut y avoir de nombreuses raisons au stress du procrastineur. Cela peut-être lié à l’ampleur de la tâche : « Je ne sais pas par quel bout commencer, je ne sais pas comment accomplir tout ce qu’on me demande. C’est trop pour moi.« 

Et cela suffit.

Mais face à des tâches plus banales, la raison de procrastiner est liée, je pense, à l’absence de sens. Pourquoi faisons-nous ceci ou cela ? Qu’est-ce que cela m’apporte sur tous les plans (matériel, humain, intellectuel, spirituel…etc.) ? Et que cela a un sens pour moi ou ceux que j’aime ? Est-ce bien important si au final l’issue est la même pour tous ?

Par « issue », je parle bien évidemment ici de la mort à laquelle nul ne réchappe. La mort qui est une réalité restant à l’état de concept dans la conscience d’une majorité d’entre nous, mais qui peut aussi paralyser beaucoup de bonnes âmes. Paradoxalement, procrastiner, c’est refuser de perdre une seconde de son précieux temps de vie sur des choses qui ne nous correspondent pas. Et cela se fait de manière totalement inconsciente.

La procrastination, cela peut être aussi le stress d’échouer ou de réussir. Car oui, aussi bizarre que cela puisse paraitre, pour certaines personnes, la possibilité de réussite est tout aussi paralysante que la peur de l’échec. Peur d’être mis en avant, peur de voir son quotidien changer, peur d’atteindre un rêve pour découvrir qu’il n’y en aura plus d’autres derrière, peur de se rendre compte que la réussite idéalisée est loin de la réalité…etc. Ainsi, le statu quo permet de profiter d’un confort archaïque en figeant d’une certaine manière le temps.

Mais la vie est ainsi faite que rien n’est réellement figé. Et les 4 murs du statu quo qui nous enferme se rapprochent inexorablement jusqu’à nous écraser sous un stress intenable. Et c’est là que la procrastination devient réelle souffrance, car si nous ne nous y mettons pas (clin d’oeil à tous ceux qui bossent toujours en mode « à la dernière minute »), elle nous pousse à fuir, à nous saboter, à quitter le navire.

L’esprit humain est tellement complexe qu’il y a des millions de raisons possibles à toutes ces angoisses, à tous ces stress qui peuvent générer de la procrastination. Il serait vain d’essayer de tous les décrire donc pardonnez moi si je n’ai pas mentionné votre raison principale d’être sujet à la procrastination.

Mais (et c’est une hypothèse), ne pourrait-on pas voir la procrastination comme un signal d’alarme ? Un signal qui nous dirait : « Ce que tu t’obliges à faire n’a pas de sens pour toi. Ce que tu t’obliges à faire t’effraie. »

Charge à nous ensuite d’essayer de comprendre pourquoi cela n’a pas de sens.

Perdons-nous notre vie dans cette société ? Nos actions ont-elles un impact sur l’Humanité ? Sur notre développement personnel ? Est-ce que cette peur est justifiée ou est ce que notre esprit ne veut pas sortir de sa zone de confort (peur de l’inconnu) ? Que devons-nous faire pour changer cet état de fait ? Devons-nous changer de voie ? Devons-nous nous mettre un petit coup de pied au cul ? Avons-nous suffisamment confiance en nous ? Avons-nous assez de recul ? Devons-nous demander de l’aide ? Et surtout comment pouvons-nous donner du sens aux choses qui lorsqu’on les regarde dans leur ensemble n’en ont pas vraiment ?

Il y a aussi certaines tâches déplaisantes auxquelles nous ne pourrons jamais échapper. Alors dans ce cas, ne pouvons-nous pas les confier à d’autres pour nous soulager si elles sont si angoissantes ?

Y a-t-il un exercice que nous pouvons faire pour nous reconnecter aux choses que nous entreprenons ? Sommes-nous en accord avec ce qu’il y a au fond de nos tripes ? Avons-nous réellement besoin d’un plan précis totalement intellectualisé ou au contraire, devons-nous laisser faire les choses en écoutant nos émotions ?

Serions-nous plus heureux en faisant autre chose ?

Pleins (trop ?) de questions à nous poser.

Il est aussi possible de mettre en place des techniques pour rendre plus digestes de grosses tâches ou se contraindre à sortir de sa zone de confort, mais ce ne sont que des remèdes temporaires.

Mais je pense surtout qu’il faut arrêter de se culpabiliser vis-à-vis de la procrastination. Tout d’abord parce que cela ne fait qu’accentuer le phénomène, mais surtout parce que cela n’est pas de votre fait.

C’est votre cerveau et votre coeur qui vous indiquent tout simplement une dissonance entre ce que vous êtes vraiment, vos valeurs, vos croyances et ce que vous faites, vos actions, dans notre société actuelle. Accepter sa procrastination sans culpabilité, c’est aussi laisser à son cerveau du temps pour souffler. Et c’est apprendre à s’écouter pour se remettre sur les rails.

Quand vous procrastinerez la prochaine fois, ne vous focalisez pas sur ce que vous ne faites pas, mais au contraire, interrogez-vous sur le raisons profondes de ce signal « procrastination ». Et j’en suis certain, vous trouverez vos solutions.


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