Sea Shepherd et Paul Watson - Comment ? Pourquoi ?

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Sea Shepherd et Paul Watson - Comment ? Pourquoi ?

par Korben -

Paul Watson, un militant écologique qui se bat depuis plusieurs années pour la défense des océans a été arrêté en Allemagne à la demande du Costa Rica. Si je vous parle de lui dans cet article, c’est parce que j’ai été touché par ce qui lui arrive (grâce à un lecteur du site qui m’a sensibilisé au sujet) et je souhaite partager avec vous son histoire. Je ne connaissais rien de Paul Watson jusqu’à la semaine dernière, et je vous retranscris ce qu’on m’a envoyé et ce que j’ai pu trouver sur le net. Toutefois, si vous voyez des corrections ou des éléments à apporter, n’hésitez pas à me contacter par mail sur : blog @ korben.info

Qui est Paul Watson ?

Paul Watson est un Canadien (et Américain), Président fondateur de l’ONG Sea Shepherd. Sea Shepherd (Berger des Mers) est l’ONG la plus combattive pour la défense des océans. Paul Watson mène ce combat depuis plus de 40 ans et est Citoyen d’honneur de la ville de Saint-Jean Cap Ferrat (France) et a été désigné par le Times Magazine comme l’un des vingt plus grands héros écologistes du XXème siècle.


Les méthodes de Sea Shepherd sont des actions directes en mer… non pas pour faire de la “parade médiatique”, mais pour une efficacité directe. 35 ans de méthodes musclées, des résultats efficaces et vérifiables, des navires de braconniers éperonnés, des navires de braconniers coulés à quai, 35 ans d’existence et ZERO chef d’inculpation retenu : Aussi surprenant que ça puisse l’être, leurs méthodes sont légales.

Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd

L’histoire de Sea Shepherd et de Paul Watson

À la fin des années 70, et 80, Paul Watson et Sea Shepherd se sont vigoureusement opposés aux plus grands massacres de mammifères marins : 450 000 bébés phoques dépecés vivants sur la banquise du Canada pour leur fourrure. Cela a été utile, mais le gouvernement du Canada, pro-chasse-pêche-tradition, a une très grosse dent contre le Canadien (et Américain) Paul Watson.

Depuis 2004, Sea Shepherd va chaque été austral (hiver chez nous) s’opposer “énergiquement” aux baleiniers japonais qui chassent illégalement les baleines dans le sanctuaire protégé en Antarctique. Les conséquences pour la flotte baleinière japonaise s’élèvent à plusieurs millions d’euros. Le gouvernement du Japon considère les membres de Sea Shepherd (surtout le Président-Fondateur Paul Watson) comme “terroristes”.

En 2002, l’équipage de Sea Shepherd (et Paul Watson) se trouve dans les eaux du Guatémala pour s’opposer “énergiquement” au 3e plus important trafic au monde : la découpe d’ailerons de requin (le 1er étant la drogue, le 2e les armes). On parle de plus de 100 millions de requins qui sont tués chaque année uniquement pour leurs ailerons ! Dans certains endroits, cette pratique est illégale.

La soupe d’ailerons de requin est très prisée sur le marché asiatique, c’est un signe de richesse. Le petit bol de soupe contenant un tout petit morceau d’aileron de requin (insipide et sans vertu) coûte 90 à 120 dollars US. Mais ce sont les pays du monde entier (Europe et France incluse) qui pêchent les requins. Ils sont extrêmement importants au maintien de l’écosystème marin (et par conséquent au maintien du 1er producteur d’oxygène sur Terre : le phytoplancton).

Sea Shepherd tourne cette année-là au Costa Rica le célèbre film-documentaire (Qui a reçu de nombreuses récompenses) : “Shark Water”.

https://www.youtube.com/playlist?list=PLBBAA58952B1CF5BB
Durant cette campagne en 2002, le navire de Sea Shepherd croise la route d'un braconnier d'ailerons de requin (sur une zone où il n'a pas le droit d'être). Ce navire-braconnier s'appelle "Le Vajadero" (c'est important pour la suite). Conformément à la [Charte Mondiale pour la Nature](http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_mondiale_de_la_nature) (émise par l'ONU), le Sea Shepherd intervient avec ses méthodes. Comme à chaque intervention de Paul Watson et de son équipage, aucune personne n'est blessée et le braconnier cesse son activité.

En parallèle, Sea Shepherd appelle les autorités du Guatemala pour les informer, et ses derniers lui demandent de remorquer le braconnier jusqu’au port afin de le trainer en justice. Tout cela apparait très clairement dans le film. L’équipage de Sea Shepherd s’exécute et le braconnier accepte son sort … mais une fois arrivé au port, un canonnier militaire se rend sur le Navire de Sea Shepherd pour stopper l’ONG… et le braconnier est instantanément autorisé à partir sans avoir été interrogé ou inquiété.

Suite à cette histoire, le navire de Sea Shepherd se rend dans le pays juste à côté. Plus exactement dans les eaux du Costa Rica. Au Costa Rica, Sea Shepherd découvre alors l’implication de ce pays en tant que plaque tournante mondiale pour le trafic d’ailerons de requins (ça apparait également clairement dans le film “Shark Water”), où des dizaines de milliers d’ailerons sèchent sur les toits d’immeubles.

Toujours au même moment (juste après cette découverte), le Costa Rica arrête le navire et l’équipage de Sea Shepherd à cause de ce qu’il s’est passé avec le braconnier d’ailerons (peu avant). Heureusement TOUT était filmé et le juge du Costa Rica a déclaré “Sea Shepherd innocent”. Mais au moment où le navire de Sea Shepherd est autorisé à partir, le gouvernement du Costa Rica retient le navire et le braconnier porte plainte à nouveau contre Sea Shepherd….. 2e juge du Costa Rica, longue enquête, et une 2e fois cet autre juge du Costa Rica déclare “Sea Shepherd innocent”. Ouf, Sea Shepherd peut à nouveau partir… Mais encore une 3e fois, le braconnier re-porte plainte ! …. Là, encore un 3e juge. Paul Watson est exaspéré. Ce 3e juge explique que leurs lois au Costa Rica leur permettent de relancer la machine judiciaire autant de fois qu’ils le souhaitent et que “la détention provisoire le temps de l’enquête” peut durer 1 une année entière. Paul Watson et son équipage ont d’autres choses à faire et vu que ça a déjà été jugé 2 fois par 2 juges différents, le Sea Shepherd prend le large.

L’affaire ne fit plus aucun bruit …. longtemps …… (On est en 2002)

Octobre 2011 : L’industrie baleinière japonaise reçoit 30 millions de dollars du gouvernement du Japon. Il semblerait d’ailleurs que ces fonds proviennent directement des fonds destinés aux victimes du tristement célèbre tsunami (Source).

Du 6 au 10 décembre 2011 : La Présidente du Costa Rica se rend en visite au Japon.

Le 8 décembre 2011, un communiqué de presse informe que le premier ministre japonais s’est entretenu pendant une demi-heure avec la présidente du Costa Rica. On peut y voir une simple coïncidence, pas de quoi alarmer. (Source)

Le 8 décembre 2011, l’industrie baleinière japonaise intente un procès aux États-Unis contre Sea Shepherd

Le 19 mars 2012, la flotte baleinière japonaise, harcelée par les navires de Sea Shepherd, se retire du sanctuaire en antarctique bien plus tôt que prévu. Sea Shepherd a directement empêché cette saison-là que 863 baleines se fassent tuer. C’est encore économiquement un coup dur pour l’industrie baleinière japonaise

Le 13 mai 2012 : Paul Watson voyage en avion. Il vient de Denver, doit effectuer un transfert à l’aéroport de Francfort (Allemagne), et se rendre à l’aéroport de Nice. Contre toute attente, la police fédérale allemande lui passe les menottes à l’aéroport de Francfort. Motif : le Costa Rica a lancé un mandat d’arrêt international contre lui. (!??)

Le 14 mai 2012 : Interpol fait un communiqué officiel, et informe ses 190 pays membres qu’il n’y a aucun mandat d’arrêt international contre Paul Watson. Interpol explique que le Costa Rica a demandé un mandat d’arrêt national en décembre 2011 (tiens tiens, curieuse coïncidence finalement), mais que les pièces du dossier avancé n’étaient pas suffisantes pour qu’Interpol mette Paul Watson sur “notice rouge” ou déclare qu’il y a un mandat d’arrêt international. Malgré tout, l’Allemagne continue de garder Paul Watson en prison. (source)

Le 15 mai 2012 : Le Costa Rica demande à l’Allemagne d’extrader Paul Watson. Motif officiel : tentative de meurtre au Costa Rica en 2002 sur l’équipage du navire le Vajadero (Sur le film-documentaire on voit pourtant très bien que l’équipage n’est pas menacé). Le Costa Rica déclare également que Paul Watson est considéré comme “fugitif” depuis 2006. (Pourquoi 2006 ? Personne ne le sait. Sea Shepherd n’est jamais retourné là-bas depuis 2002…. Ah… Parce que si ça avait été “2002” il y aurait eu “prescription” et le dossier aurait aussitôt été fermé … aaaaaah OK…)

Ce qui est très inquiétant, c’est qu’au Costa Rica, pays en voie de développement, c’est la mafia Tawainaise qui a la main mise sur le trafic d’ailerons de requin et également sur les prisons… On peut donc imaginer que la tête de Paul Watson soit mise à prix là bas. (Source)

Le 16 mai 2012, les États-Unis se prononcent ‘contre’ l’extradition de leur citoyen (Paul Watson est Américain et également Canadien). Le Canada, lui, reste muet. Et on apprend officiellement qu’il n’existe aucun accord (officiel) entre l’Allemagne et le Costa Rica (Pas d’accord d’extradition). Il s’agit d’un citoyen Americain-Canadien, qui se trouve détenu en Allemagne… Être envoyé dans un 3e pays, c’est quand même peu courant …. (Source)

L’Allemagne continue de garder Paul Watson en prison (on ne sait pas pour quels motifs) et demande au Costa Rica de remplir la paperasse administrative pour l’extradition.

Mai 2012, le ministre des Affaires Etrangères du Costa Rica vient en Allemagne rencontrer Paul Watson (Source). Ce dernier lui indique qu’il n’y voit aucun inconvénient pour venir au Costa Rica afin avoir un procès juste et équitable. Il rajoute qu’il viendra avec son carnet de bord, les témoignages écrits, et la totalité des vidéos, car ils ont tout filmé. Il réclame au ministre uniquement que sa sécurité soit assurée (au tribunal, en prison provisoire, etc). Le ministre lui répond que pour sa sécurité il ne peut rien lui garantir.

Le 26 Juin 2012, le Japon verse 9 millions de dollars au Costa Rica pour ….. “L’entretien des parcs nationaux du Costa Rica”. (Faut pas voir le mal partout, certainement encore une coïncidence - Source)

Le motif officiel du mandat d’arrêt (national !) émis par le Costa Rica est modifié en : “Infraction à la navigation maritime”.

Fin mai / début juin 2012, le Juge Allemand accepte que Paul Watson sorte de prison, sans pour autant être libre : il devra pointer deux fois par jour au commissariat. Il est assigné à résidence en Allemagne, très loin d’être ’libre’. C’est la première fois dans l’Histoire qu’il y a dans un dossier d’extradition, une assignation à résidence. Le juge allemand explique que ce dossier relève uniquement de la Politique et non de la Justice. Il invite à contacter le premier Ministre allemand, car il est le seul à pouvoir stopper cette demande d’extradition. Il y a un total (depuis l’arrestation) de 90 jours maximum pour que Paul Watson soit extradé au Costa Rica.

S’en suivent des milliers de manifestations dans le monde, des milliers de courriers envoyés au gouvernement allemand. Et toujours un silence total de la part de l’Allemagne.

Le 23 juillet 2012, le gouvernement Allemand fait un communiqué officiel : Paul Watson n’est plus venu pointer journalièrement au commissariat depuis dimanche 22 juillet. Parallèlement, toujours de manière officielle, on apprend que le Japon a émis 2 demandes d’extradition pour Paul Watson : une auprès du Costa Rica, et une autre auprès de l’Allemagne. Cette demande a été acceptée par l’Allemagne, et juste avant que ce soit officiel, une source fiable en a informé Paul Watson qui s’est donc enfui d’Allemagne.

Le 30 juillet 2012, Paul Watson envoie un communiqué depuis un “lieu secret”. Il explique qu’il est parti d’Allemagne, car il n’avait pas le choix, juridiquement il n’y a rien qui tient, mais il aurait forcément fini au Japon. Et ce dernier le considérant comme “terroriste”, au mieux il aurait été en prison jusqu’à la fin de ses jours, au pire… il ne serait plus de ce monde sous quelques jours. Oui, il y a encore la peine de mort au Japon.

Début août 2012, à la demande du Japon, de l’Allemagne, et évidemment du Costa Rica, Interpol accepte de placer “Paul Watson” sur leur “notice rouge” (Source). Pour autant, il n’y a aucun “mandat d’arrêt international” à ce jour, mais uniquement un “mandat d’arrêt national” émis par le Costa Rica. La “notice rouge” accentue simplement le “mandat d’arrêt national” du Costa Rica, et tous les pays du monde peuvent (ou non), s’ils le souhaitent, extrader Paul Watson vers le Costa Rica (et évidemment ensuite vers le Japon).

À noter que le motif du mandat d’arrêt a à ce moment-là changé pour la 3e fois : “tentative de noyade par canon à eau”.

La supercherie est grande et internationale. Juridiquement Paul Watson est irréprochable (Il comptait même se rendre au tribunal du Costa Rica !). Mais cette affaire se passe au-dessus des lois. Il s’agit de “politique internationale”. Certains pays soutiennent officiellement Paul Watson, d’autres font tout pour que ce dernier et son ONG disparaissent et bien évidemment, il y a les pays passifs qui restent les bras croisés. La France en fait partie. D’ailleurs, une pétition est en cours pour que la France prenne la défense ce Paul Watson et l’accueille. Je vous invite à la signer.

Pour le reste des infos, il y a Google bien sûr, mais aussi et surtout le site de SeaShepherd qui relaie ses actions. Des événements sont organisés régulièrement pour rencontrer les membres de l’ONG et bien sûr, on peut faire des dons ou acheter des t-shirts pour soutenir leurs actions.

Voilà, maintenant que vous en savez un peu plus, je vous laisse creuser un peu l’histoire par vous même. Moi ça m’a touché et ça m’a rappelé ce que vivait actuellement Julian Assange. Les États “plus forts que tout” n’hésitent pas à abuser de méthodes mafieuses et de petites combines pour continuer leurs trafics au détriment de nous tous. Avec Assange, il s’agit d’information des citoyens, et avec Watson, il s’agit d’écologie, d’environnement. Tout cela devrait nous toucher, car ça nous concerne directement. Les mers sont dévastées et ça se passe en coulisse, loin de nos yeux trop occupés à autre chose.

Encore merci à Stéphane pour m’avoir raconté tout cela.