ReFS, le successeur de NTFS capable de supporter 35 Po de stockage, arrive dans Windows 11 !

par Korben ✨ -

Ah bah ça y est, Microsoft s’est enfin décidé à enterrer ce bon vieux NTFS après 30 ans de bons et loyaux services !

En effet, ils viennent d’intégrer ReFS dans les dernières versions Insider et vous allez voir c’est assez balèze comme système de fichiers puisqu’il peut entre autre gérer jusqu’à 35 pétaoctets de données (soit 35 millions de Go), soit de quoi stocker toutes les saisons de Stranger Things en 8K, y compris celles qu’ils n’ont pas encore tournées ^^.

Si vous êtes un power user, un développeur ou comme moi, un passionné de tech qui manipule régulièrement de gros volumes de données, cette nouveauté pourrait bien modifier votre manière de stocker et gérer vos fichiers.

Mais avant que je vous explique tous les détails de ReFS, faut quand même se souvenir que NTFS est apparu en 1993 à une époque où le top du top c’était Windows 3.1 ! Et à l’époque, j’sais pas si vous vous souvenez mais les disques durs les plus gros pouvaient contenir max quelques centaines de Mo. Mais on était heureux quand même ! Alors quand l’utilisateur PhantomOfEarth a découvert dans la dernière version Insider de Windows 11 (la build 27823), que ReFS (Resilient File System) était disponible pour tous et plus uniquement pour les Windows serveurs tout le monde a sauté de joie.

Ainsi, si vous choisissez de formater votre disque dur avec lors de l’installation de Windows, vous aurez le choix entre NTFS (par défaut) et ReFS. Bon, c’est encore en beta mais ça fonctionne.

Alors pourquoi c’est cool ?

Et bien comme je vous le disais en intro, ReFS supporte des volumes jusqu’à 35 pétaoctets (35 000 To), contre 256 To pour le NTFS mais surtout, il utilise des “integrity streams” avec des checksums pour détecter les corruptions de données. En français, ça veut dire qu’il peut s’auto-réparer et contrairement à nos femmes et hommes politiques, il est capable de résister à la corruption. Fini les fichiers qui disparaissent sans laisser de trace après un BSOD mystérieux !

Ainsi, lorsqu’il est utilisé avec Storage Spaces (la technologie de stockage de Microsoft qui permet de regrouper plusieurs disques), il peut automatiquement réparer les corruptions détectées en utilisant une copie alternative des données. Le système incorpore même un “scrubber” qui analyse périodiquement vos données en arrière-plan pour détecter et réparer les problèmes avant même que vous ne les remarquiez.

Au niveau des performances, c’est top aussi car grâce au Block Cloning (clonage de blocs) de ReFS qui accélère considérablement les opérations de copie, on peut se lancer dans des opérations de fusion sur les fichiers .vhdx des machines virtuelles sans ralentir les perfs.

Ou encore créer des fichiers “zéro” tout aussi rapidement grâce à la fonctionnalité de Sparse VDL (Valid Data Length). Cela permet de réduire le temps nécessaire pour créer des VHD fixes (disques durs virtuels) de plusieurs minutes à quelques secondes.

La fonctionnalité de Mirror-accelerated parity permet aussi d’optimiser en temps réel l’accès aux données en plaçant celles qui sont fréquemment accédées sur des médias rapides (comme les SSD) et les données froides sur des médias plus lents mais ayant plus de capacité. Windows pourrait ainsi ranger automatiquement vos fichiers les plus utilisés sur votre SSD ultra-rapide et les archives rarement consultées sur votre gros disque dur.

Vous l’aurez compris, ReFS a été spécifiquement optimisé pour la virtualisation sous Windows et ça c’est cool, mais tout n’est pas rose au Royaume de ReFS. Il y a encore plusieurs limitations importantes, ce qui explique pourquoi Microsoft ne l’a pas encore déployé comme système de fichiers par défaut.

Tout d’abord, on ne peut pas booter dessus. C’est pas rien et ceci explique cela. Ensuite, y’a pas encore de support pour les médias amovibles. Vous ne pourrez pas formater votre bonne vieille clé USB en ReFS.

Et puis il manque pas mal de trucs par rapport à NTFS :

  • Pas de compression de fichiers au niveau du système
  • Pas de chiffrement intégré (comme BitLocker)
  • Pas de quotas de disque
  • Pas de support pour les attributs étendus
  • Pas de support pour les noms courts (format 8.3)
  • Pas de support pour les ID d’objets
  • Pas de support pour ODX (Offloaded Data Transfer)

On verra bien s’ils implémentent tout ça dans le futur. Bref, les disques ReFS c’est pas encore parfait et surtout, les systèmes d’exploitation plus anciens ne pourront pas lire ce genre de volumes, ce qui pose des problèmes de compatibilité lors du partage de disques ou d’utilisation en dual-boot.

Mais en attendant que ReFS obtienne toutes les fonctionnalités de NTFS, voici les scénarios où il pourrait déjà vous être utile :

  • Les power users avec d’énormes collections de données : Si vous gérez des collections massives de photos haute résolution, de vidéos 4K/8K, ou d’autres ensembles de données volumineux, ReFS offre une scalabilité et une sécurité des données supérieures. La capacité de 35 Po vous offre une marge de croissance pratiquement illimitée.
  • Les environnements de virtualisation intensifs : Si vous faites tourner plusieurs machines virtuelles, ReFS peut accélérer considérablement les opérations sur les fichiers .vhdx. Les tests montrent que certaines opérations qui prennent plusieurs minutes avec NTFS sont réduites à quelques secondes avec ReFS.
  • Les solutions de sauvegarde : ReFS est idéal comme cible de sauvegarde, offrant une meilleure intégrité des données et une capacité de détection/réparation des corruptions. Si vous utilisez des outils comme Veeam Backup, les volumes ReFS peuvent offrir de meilleures performances et une meilleure fiabilité.
  • Les travailleurs créatifs : Les monteurs vidéo, les photographes et autres créateurs de contenu manipulant régulièrement de gros fichiers pourraient bénéficier des mécanismes de protection des données et des performances améliorées.
  • Et les environnements de développement : Les développeurs travaillant avec des bases de code volumineuses, des containers Docker et des environnements de test lourds pourraient tirer parti de la performance et de la stabilité accrues.

Donc même si ReFS n’est pas encore idéal comme système principal, il peut être excellent comme système secondaire pour des volumes de données spécifiques, par exemple un disque dédié au stockage de vos projets créatifs ou de vos machines virtuelles.

En tout cas, voir ça arriver en vrai dans Windows, ça montre que Microsoft aimerait en faire le système par défaut dans les années à venir. Ça se fera lentement, progressivement, mais ça se fera et surtout ça réduit l’écart entre les solutions serveur avec nécessité d’avoir du matos certifié et celles destinées aux consommateurs.

D’ailleurs avec l’IA, la réalité virtuelle et les contenus en ultra-haute définition, les besoins en espace disque explosent. Et de nouvelles techno de stockage comme les SSD PCIe 5.0, les mémoires à changement de phase et autres innovations requièrent des systèmes de fichiers plus avancés pour exploiter pleinement leurs capacités. Tout cela, Microsoft le sait très bien donc s’ils veulent que Windows reste dans la course, il sont obligés de s’y mettre.

Puis, je vous avoue qu’avoir un système capable d’auto-réparer ses données ou de résister à toute forme de corruption de données, ce serait pas pour me déplaire. Qui n’a jamais perdu des heures de travail à cause d’un fichier corrompu après une mise à jour ou un crash mystérieux ?

Bref, pas la peine de vous ruer sur ReFS tout de suite, surtout qu’on peut pas booter dessus, mais maintenant vous savez que c’est pour bientôt donc commencez à réfléchir à comment vous pourriez exploiter cette techno si vous avez un boulot ou un passe temps qui nécessite la manipulation de gros volumes de données.

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